France : la présidentielle vue depuis le Niger (#4)

Si Nicolas Sarkozy conserve quelques admirateurs nigériens, le cœur des supporters du président socialiste Mahamadou Issoufou penche pour François Hollande. En espérant, toutefois, qu’il n’aille pas trop loin dans sa remise en cause du nucléaire…

La politique nucléaire des candidats français est l’objet de toutes les attentions au Niger. © Jeune Afrique

La politique nucléaire des candidats français est l’objet de toutes les attentions au Niger. © Jeune Afrique

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Publié le 19 mars 2012 Lecture : 3 minutes.

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La présidentielle française 2012 vue d’Afrique

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Après 5 ans à l’Élysée, le président français Nicolas Sarkozy continue d’impressionner Abdou. « C’est un homme dense, courageux et très dynamique », assure-t-il, admiratif. Comme tous ceux qui le peuvent, ce fonctionnaire de l’administration territoriale de Zinder (la deuxième ville du Niger) suit la campagne française avec assiduité sur TV5 Monde ou France 24. À côté de lui, Issa, élu dans la même ville, n’est pas d’accord. « Il faut un grand changement en France. Sarkozy fait trop de mécontents. Moi, je soutiens Hollande ».

Le débat a beau être passionné, à Niamey, on est loin des désaccords radicaux d’Abidjan, où les divisions au sujet de la politique française recoupent les fractures du pays. L’opposition nigérienne, encore au pouvoir il y a à peine plus de deux ans, soupçonne bien les puissances étrangères (dont la France de Nicolas Sarkozy) d’avoir joué un rôle dans le putsch qui a renversé leur champion Mamadou Tandja et la transition qui s’en est suivie. Pourtant, l’homme qui a remporté la dernière présidentielle, l’actuel chef de l’État Mahamadou Issoufou, est vice-président de l’Internationale socialiste et un allié idéologique de François Hollande.

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"Françafrique"

La gestion très militarisée de la crise libyenne par Nicolas Sarkozy a beaucoup choqué dans ce pays du Sahel (surtout après la mort de Mouammar Kadhafi). Mais là encore, vu du Niger, cela ne saurait être un critère déterminant pour le choix d’un candidat, car le Parti socialiste n’a pas manifesté de différence notable par rapport au président français sur cette question.

Ce qui inquiète Ousmane, journaliste à la télévision nationale, c’est plutôt ce qu’il interprète comme une poursuite de la sulfureuse « Françafrique » par l’actuel locataire de l’Élysée. « J’ai fait le compte : notre président s’est rendu 14 fois en France en à peine plus d’un an. Pourquoi a-t-il besoin d’y aller aussi souvent ? Il faut que la France nous laisse notre autonomie ! »

Chez les militants du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir) il n’y a en tout cas pas de doute sur le candidat à soutenir. « J’ai vu le débat de Sarkozy à la télévision. Laurent Abusif [Fabius, NDLR] l’a mis mal à l’aise ! plaisante Mountari, qui travaille au cabinet présidentiel. Non, sérieusement, nous venons d’élire notre premier président de gauche. Je ne peux que soutenir la gauche aussi en France. C’est elle qui porte les valeurs humanistes. »

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Mais dans le bureau présidentiel, de l’autre côté de la rue, les calculs sont peut-être plus complexes. Le président Issoufou a certes longuement rencontré François Hollande lors de sa dernière visite à Paris mi-mai. Mais il continue d’entretenir de très bonnes relations avec l’actuel gouvernement.

Politique nucléaire

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« Je pense qu’Issoufou est plus sensible à la politique nucléaire des différents candidats qu’à leur idéologie », assure une source diplomatique. Les prix de vente de l’uranium, le principal produit d’exportation nigérien, sont fixés par contrat avec Areva, et Niamey a intérêt à ce que le géant du nucléaire français se porte bien pour lui payer un bon prix.

Un an après l’accident de Fukushima-Daiichi, l’idéal serait même que les projets se multiplient dans ce secteur pour faire remonter les cours. Or François Hollande, allié aux écologistes, s’est prononcé pour la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Est de la France) et pour la réduction à 50% de la part de cette énergie dans la production électrique française (contre 75% actuellement). Sans doute un petit crève-cœur, du côté de Niamey.

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Pierre Boisselet, envoyé spécial à Niamey

 

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