Tunisie : importante défaite des islamistes lors des élections estudiantines

C’est un raz-de-marée progressiste qui a déferlé sur les universités tunisiennes à l’occasion des élections au sein de leurs conseils scientifiques. Le syndicat étudiant islamiste UGTE, proche d’Ennahdha, ne remporte que 34 sièges sur 284, contre 250 pour l’Uget, affilié à la principale centrale syndicale du pays (UGTT).

Une étudiante se rendant en niqab à la Faculté des Lettres de la Manouba. © AFP

Une étudiante se rendant en niqab à la Faculté des Lettres de la Manouba. © AFP

Publié le 16 mars 2012 Lecture : 1 minute.

Symbolisée par le blocage de la Faculté des Lettres de la Manouba, mais aussi par divers incidents violents à Gabès, Sousse et Kairouan, la pression islamo-salafiste vient de subir un revers cuisant. L’Union générale des étudiants tunisiens (Uget) a remporté jeudi 15 mars à une écrasante majorité (250 sièges sur 284) les élections des représentants des étudiants au sein des conseils scientifiques des universités face au syndicat étudiant islamiste, l’Union générale tunisienne des étudiants (UGTE, 34 sièges).

« Ces élections envoient un message fort ; toutes les universités tunisiennes ont été unanimes. Certains diront que c’est la voix d’une élite mais il n’y a pas de révolution sans élites et sans syndicats », note un enseignant de la Faculté du 9 avril. La clarification de la situation dans les universités – où l’on suspectait une islamisation rampante – risque cependant d’envenimer le bras de fer entre progressistes et islamistes, ces derniers cherchant à asseoir leur vision quitte à en découdre avec une institution qu’ils jugent pro-occidentale.

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Soutien aux salafistes

« Ennahda a été desservie par le soutien qu’elle a apporté aux salafistes, explique Meriem Belhaj, en licence de droit à El-Manar. En ne prenant pas position, elle a laissé entendre qu’elle approuvait les violences perpétrées depuis la rentrée universitaire, au risque de provoquer une année blanche, ce qui n’est pas la volonté de la majorité. Les étudiants ont des revendications, certes, mais elles ne sont pas d’ordre religieux et, surtout, ne visent pas les professeurs. »

Les résultats des élections estudiantines laissent aussi entendre que l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), à laquelle l’Uget est affiliée, entend bien peser de tout son poids dans la décision politique. Issu du dernier congrès en janvier, le nouveau bureau a signifié au gouvernement son indépendance par plusieurs actions, dont d’importantes manifestations dans le pays et des négociations, en direct, avec la centrale patronale. Si certains estiment que le syndicat s’était trop compromis avec Ben Ali par le passé, il a montré, dans les dernières semaines, sa capacité à mobiliser les masses.

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Par Frida Dahmani, à Tunis

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