Algérie : l’économie informelle dans le collimateur des autorités
L’Algérie peine à maitriser l’économie informelle, qui engendre des pertes conséquentes sur le Produit intérieur brut du pays. Le montant des fraudes s’élèverait, au minimum, à 10 milliards d’euros.
L‘économie informelle est dans le collimateur des autorités algériennes. Mardi 13 mars, Abdelhamid Boukahnoun, le directeur général du contrôle économique et de la répression des fraudes au ministère du Commerce a fait un bilan des pertes économiques liées, entre autres, au commerce illicite.
L’état des lieux est sans appel : sur les 35 000 importateurs inscrits sur le registre de commerce, 15 000 figurent dans le fichier national des fraudeurs en Algérie, a déclaré Abdelhamid Boukahnoun à la radio nationale. « 12 000 ont été mis sur ce fichier pour non dépôt de comptes sociaux et 3 000 pour pratiques commerciales illicites », a-t-il précisé.
Dès lors qu’un opérateur figure sur le fichier national des fraudeurs, celui-ci n’est plus en droit d’engager des opérations de commerce extérieur.
Le ministre algérien du Commerce, Mustapha Benbada, a quant à lui chiffré, lundi 12 mars, le montant des transactions sans factures. Sur les trois dernières années, il s’élève à 155 milliards de dinars (1,55 milliard d’euros), a estimé le ministre lors d’un colloque international de deux jours à Alger sur l’économie informelle.
20% à 40% du PIB
Mais, selon Abdelhamid Boukahnoun, ce chiffre « n’est que 20% de la valeur réelle » des transactions. « On peut dire que le défaut de facturation atteint les 1 000 milliards de dinars (10 milliards d’euros) », a-t-il déclaré.
Au total, les experts estiment le taux de l’économie souterraine entre 20 et 40% du Produit intérieur brut. Et certains opérateurs économiques détenteurs d’un registre de commerce seraient même obligés de s’approvisionner en matières premières ou en produits finis au sein de l’économie parallèle.
Les transactions au noir, qui engrangent une circulation massive de monnaie en dehors des circuits formelle, « fait mal à l’économie » du pays, selon Mustapha Benbada.
Du bon usage des chèques
Selon l’avis de nombreux experts, l’un des principaux facteurs de cette circulation fiduciaire serait dû à la non obligation de l’usage de la monnaie scripturale ( dépôts bancaires dans les comptes courants ou compte-chèque), seule garantie de transparence dans les transactions.
Alors que le gouvernement avait instauré l’obligation de l’usage des chèques, les autorités ont été contraintes de revenir sur cette mesure en janvier 2011 pour les grossistes, suites aux émeutes du 5 janvier qui avaient fait cinq morts et 800 blessés. Pour les analystes, ces violences était liées à l’augmentation des prix des denrées de base décidée par les grossistes. Ceux-ci anticipaient les sommes à verser aux impôts en raison de l’obligation des chèques.
Selon Mustapha Benbada, la mesure n’a pas été abandonnée mais simplement suspendue. « Nous avons juste décidé de différer son application pour mieux préparer le terrain », a-t-il expliqué.
(Avec AFP)
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