France : la présidentielle vue depuis le Cameroun (#3)

Jusqu’au premier tour de l’élection présidentielle française, le 22 avril, Jeune Afrique prend le pouls de la campagne depuis le continent. Direction le Cameroun, où la bataille pour l’Élysée est l’objet de toutes les attentions.

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Publié le 12 mars 2012 Lecture : 2 minutes.

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La présidentielle française 2012 vue d’Afrique

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À Yaoundé, Pauline Biyong est connue pour organiser des cafés politiques réunissant des invités venus du monde de la politique ou des affaires. « Pour moi, c’est Nicolas Sarkozy » tranche cette quinquagénaire  énergique. Elle n’a pas attendu de regarder l’émission « Des paroles et des actes » diffusée le soir du 6 mars sur France 2 pour faire son choix, même si le débat Sarkozy-Fabius l’a confortée dans son opinion favorable au président sortant. « C’est un plaisir de regarder un chef d’État qui maîtrise à ce point ses dossiers ». Elle reconnaît cependant avoir été « déçue » par les interventions françaises en Libye et en Côte d’Ivoire. Un mauvais point, qui ne lui a pas fait changer d’opinion. « J’ai fait mes études en France et, en 1981, j’ai fêté l’élection de Mitterrand… Comme beaucoup d’Africain, je le regrette encore » !

Je soutiens François Hollande parce qu’il ne connaît pas l’Afrique et ne sera donc pas l’otage des réseaux de la Françafrique.

Ngomba Endeley, cadre dans l’administration

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Bien qu’anglophone et issu de l’ancien Cameroun britannique, Ngomba Endeley n’a pas raté une miette de l’émission de France 2, qu’il a regardée sur le câble. « Nous sommes conscients qu’une partie de notre avenir se joue en France », se justifie-t-il. « C’est d’ailleurs pour cette raison que les anglophones du Cameroun apprennent le français et regardent avec beaucoup d’attention ce qui se passe dans cette campagne », poursuit-t-il dans un français parfait. La barrière culturelle n’a pas fait oublier à ce cadre de l’administration que la France est le premier partenaire économique du Cameroun. Au concours des assauts verbaux qui caractérisent cette compétition électorale, Jean-Luc Mélenchon est son préféré. Mais à l’arrivée, veut croire Endeley, Hollande sera élu. « Je le soutiens parce qu’il ne connaît pas l’Afrique et ne sera donc pas l’otage des réseaux de la françafrique », s’explique-t-il. Ce qu’il reproche à Sarkozy ? Ses critiques contre Chirac ! « Pourquoi manquer ainsi de respect à un grand président »?

"Le climat a changé à l’égard des étrangers"

Maggy T., chef d’entreprise à Douala, a requis l’anonymat. Quadragénaire et divorcée, elle vient de monter un spa à Douala et choisirait elle aussi Hollande si elle était française. « La droite au pouvoir a fait beaucoup de dégâts », estime-t-elle. « Dans le cadre de mes activités je fais de fréquents déplacements en France, d’où j’importe beaucoup de produits. On sent que le climat a changé à l’égard des étrangers », regrette-t-elle. Étudiant en France, son fils a envisagé de quitter le pays à cause de la restriction des conditions de séjour des étudiants étrangers. « Je l’ai persuadé de rester ». Pourtant, elle avoue une sensibilité de droite. Mais, « là, on ne sait plus où on va… ».

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Françafrique, dévaluation de Franc CFA, accords militaires, soutiens de l’Élysée aux régimes en place en Afrique francophone… Certes, les sujets qui reviennent dans les conversations à Douala ou Yaoundé ne sont pas toujours évoqués par les candidats, qu’ils soient de de gauche ou de droite. Mais vu l’importance du débat sur la politique africaine de la France, que ce soit au Cameroun ou ailleurs sur le continent, il n’est pas étonnant que la présidentielle française suscite autant d’attente.

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Georges Dougueli, envoyé spécial à Yaoundé

 

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