Maroc : pour l’OCP, il y a un « problème avec la façon dont le monde voit l’agriculture »
La première édition du Forum international sur la sécurité alimentaire, qui a réuni 300 participants à Rabat, s’est achevée. Au cours des débats, dont la nature très démocratique a été soulignée, les participants se sont accordés sur l’importance de responsabiliser les dirigeants politiques sur la question.
C’est sous un grand soleil et dans une ambiance studieuse que s’est conclue la première édition du Forum international sur la sécurité alimentaire (Global Food Security Forum), co-organisé par Richard Attias, le Boston Consulting Group et initié par le Groupe OCP, leader mondial des phosphates.
Après une première demi-journée consacrée à la définition générale des grandes problématiques en matière de sécurité alimentaire, le deuxième jour a été l’objet de quatre longs ateliers qui ont permis à tous les professionnels présents de débattre plus précisément des enjeux, de partager leurs expériences diverses et d’envisager des solutions. Parmi les pistes pratiques mises en avant aux termes de ces longues discussions (cinq heures pour chaque atelier) : rendre les aides et les investissements dépendants de la bonne gouvernance et du développement des infrastructures, améliorer le partage de la connaissance à destination des agriculteurs, renforcer la capacité de recherche au niveau local, accroître l’efficience dans la gestion de l’eau, mieux coordonner les actions des agences.
La question de l’image de l’agriculture a également été au cœur des débats. « L’agriculture doit être profitable et elle doit être mieux connue et avoir une meilleure image afin d’attirer notamment des gens plus jeunes. » a déclaré Roberto Rodrigues, ancien ministre de l’Agriculture du Brésil et « agriculteur » lui-même. Un point de vue partagé par Mostapha Terrab dans son discours de clôture. « Nous sommes confrontés à écart de perception, a rappelé le directeur général de l’OCP. Il y a un problème avec la façon dont le monde nous voit (les agriculteurs, NDLR). »
Les politiques en première ligne
Dans tous les ateliers, le sujet du rôle des politiques est revenu. « Le rôle des gouvernements ne se limite pas à attribuer des subventions mais doit aller jusqu’au développement de stratégies nationales pour l’agriculture, a rappelé Yashwantrao Thorat, dirigeant du Rajiv Gandhi Charitable Trust. Les gouvernements doivent aussi créer des cadres crédibles permettant d’améliorer les connaissances des agriculteurs. » Lucy Muchoki, l’une des rares femmes à être présentes au forum, a également insisté sur cet aspect lors de la discussion portant sur les recommandations du forum. « Nous avons débattu des problématiques de la sécurité alimentaire à plusieurs reprises dans des forums, a commencé la directrice générale du Consortium panafricain de l’agrobusiness et de l’agro-industrie. Pourquoi nos gouvernements ne nous donnent-ils pas le soutien qu’ils se sont engagés à nous donner ? » Ce à quoi Mostapha Terrab a ajouté : « C’est la première conférence où l’on parle clairement de renforcement des capacités au niveau des gouvernements. Nous sommes prêts à nous adresser directement aux décideurs politiques et à les responsabiliser. » Le directeur général du Groupe OCP, qui s’est réjoui du « début de communauté qui s’est créée ici à Rabat », a conclu : « la deuxième édition de ce forum nécessitera la présence de davantage de ces décideurs politiques. »
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Frédéric Maury, envoyé spécial à Rabat
La Matinale.
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