Sénégal : Macky Sall, prophète en son pays ?

À Fatick, la ville dont il est maire, Macky Sall est en territoire conquis. Une popularité due essentiellement au programme de développement urbain qu’il a entrepris en 2005. Mais les grands travaux sont au point mort depuis la brouille entre le leader de l’APR et le président Abdoulaye Wade, qui s’affrontent au second tour de la présidentielle, le 25 mars prochain.

Macky Sall dirige la municipalité de Fatick depuis 2002. © AFP

Macky Sall dirige la municipalité de Fatick depuis 2002. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 8 mars 2012 Lecture : 3 minutes.

Dans sa ville natale, il est omniprésent. Sur les murs des ruelles, dans les principales artères, trônant sur les devantures des commerçants et jusqu’à l’intérieur des échoppes du marché central… À Fatick, nul ne peut éviter les photos, slogans, posters et affiches de campagne de Macky Sall, l’enfant du pays qui est aussi le maire de cette ville de quelque 30 000 habitants située à 160 km à l’est de Dakar.

« Les gens sont tellement attachés à Macky que quand vous mettez des affiches, ils les détachent et les amènent chez eux », affirme Sémou Diouf, conseiller municipal et proche collaborateur de Macky Sall qui ne doute pas de la victoire de son patron au second tour de la présidentielle sénégalaise, prévu le 25 mars. Le 26 février, il a récolté 26,58% des suffrages et mis le président sortant Aboulaye Wade en ballotage (34,81%).

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« La victoire est certaine, et elle sera claire et limpide, avance Sémou Diouf. Le 25 mars, nous ferons plus que le 26 février ». Un avis partagé par de nombreux habitants de la ville. Cheikh Oumar Kâne, commerçant, demande d’ailleurs « plus de sécurité dans les bureaux de vote pour que la victoire de Macky, qui ne fait l’objet d’aucun doute, soit d’autant plus claire ». Quant à Abdou Diop, tailleur de 30 ans, il dit soutenir Sall « non parce qu’il est fils de Fatick mais parce que comme maire, il rassure avec les nombreux chantiers ».

Une partisane de Macky Sall porte un boubou imprimé de portraits du candidat lors d’un meeting de campagne, le 10 décembre 2011 à Dakar.

© AFP

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Fatick, une ville en chantiers

Avant de devenir maire en 2009, Sall a dirigé la municipalité de Fatick de 2002 à 2008. En 2005, cet ingénieur-géologue de 50 ans a lancé un programme spécial d’un coût de plus de 12 milliards FCFA (plus de 18 millions d’euros) initié en vue de la fête de l’indépendance en 2005 : routes, édifices administratifs, éclairages publics, travaux d’assainissement, nouvel aéroport dont pour l’instant seulement le mur de clôture, presque entièrement affaissé, a été construit.

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Les principales activités de Fatick sont le commerce, l’agriculture et l’exploitation du sel provenant du Sine, affluent du fleuve Saloum. Les travaux en cours donnent à la ville l’image d’un vaste chantier. « Il faut demander à Macky Sall pourquoi ces chantiers n’ont pas encore été livrés. L’État du Sénégal avait mis suffisamment d’argent », indique Mame Mbacké Ndiaye, une responsable locale du PDS. « Ces chantiers sont bloqués depuis que Macky Sall a eu des problèmes avec Wade », rétorque Sémou Diouf.

Bonne image

À la suite d’une brouille avec le président Wade, Sall a démissionné en novembre 2008 de tous ses mandats obtenus avec le Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir) puis créé son propre parti, l’Alliance pour la République (APR). Pour Mame Mbacké Ndiaye, « l’image de Macky s’est bonifiée grâce aux réalisations de l’État dans la commune. Les populations les lui attribuent toutes alors que c’est Wade qui en a eu l’initiative ». Et de trancher : « En tant que maire, le bilan de Macky Sall est négatif. À part des toilettes au marché central et une morgue, il n’a fait aucune réalisation ».

En cherchant bien, certains habitants partagent son opinion. « Qu’a-t-il fait à Fatick comme maire? Tout ce qu’il y a dans cette ville a été initié par Wade », avec le programme spécial de 2005, estime un gardien d’établissement public. Mais la famille Sall reste estimée par une grande partie des Fatickois. « Elle a toujours été digne même dans la pauvreté », témoigne une habitante qui dit avoir connu les parents décédés du chef de l’APR, un gardien et une vendeuse de cacahuètes. De fait, la maison des Sall, encore aujourd’hui, c’est une maison blanche à étage sans luxe particulier, ni aucun protocole particulier pour y entrer.

(Avec AFP)

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