Libye : l’Est déclare son autonomie, une « conspiration » des pays arabes selon Abdeljalil
Mustapha Abdeljalil, le chef des autorités libyennes, a dénoncé mardi 6 mars une « conspiration » des pays arabes suite à la déclaration d’autonomie d’une région de l’est de la Libye. Selon lui, les États voisins auraient financé la sédition qui « menace l’unité du pays ».
« Des pays arabes frères, malheureusement, financent et parrainent la sédition qui s’est produite dans l’Est pour ne pas être contaminés par la révolution ». Telle est l’accusation portée par Moustapha Abdeljalil, le chef du Conseil national de transition libyen (CNT, au pouvoir), suite à la déclaration d’autonomie d’une région de l’est du pays mardi 6 mars. « C’est leur crainte de la révolte qui a poussé ces pays frères à accorder leur appui à la sédition », a-t-il fustigé, sans nommer explicitement les États visés.
Alors que les autorités peinent à stabiliser le pays, moins de cinq mois après la mort de Mouammar Kadhafi, des chefs de tribus et de milices de l’Est ont annoncé dans un communiqué leur choix du système fédéral. L’entité baptisée Cyrénaïque, région pétrolière qui s’étend de la frontière égyptienne à Syrte, s’est dotée d’un « Conseil intérimaire (…) établi sous la direction de Cheikh Ahmed Zoubaïr Al-Senoussi pour gérer les affaires de la région et défendre les droits de ses habitants ». À Benghazi, d’où était partie la rébellion ayant conduit à la chute du « Guide », des milliers de personnes ont fêté l’évènement.
"Une capitale, Tripoli"
Mais à Tripoli, l’heure n’était pas aux réjouissances. « Ce qui arrive aujourd’hui est le début d’une conspiration contre le pays. C’est une question très dangereuse qui menace l’unité nationale », a déploré Moustapha Abdeljalil, mettant en garde contre des « conséquences dangereuses » pouvant conduire à une Libye divisée et non-démocratique.
« La Libye, depuis le début, est une nation avec une capitale, Tripoli », a-t-il clamé. Pourtant, les appels de la Cyrénaïque au fédéralisme avaient été plus tôt ignorés par les autorités. « Les Libyens se sont battus pour une Libye unie, si bien que ces demandes n’auront aucune conséquence » avait déclaré le chef du CNT lundi 5 mars. « Nous n’avons pas besoin du fédéralisme (…) Nous ne voulons pas retourner 50 ans en arrière », avait pour sa part expliqué le Premier ministre Abderrahim el-Kib lors d’un entretien télévisé.
La Cyrénaïque a de son côté indiqué reconnaître le CNT, « symbole de l’unité du pays et représentant légitime (de la Libye) aux sommets internationaux », selon le communiqué. Le nouveau dirigeant de la région est d’ailleurs lui-même membre du CNT.
Les autorités sont confrontées depuis la libération du pays à une instabilité chronique, du fait de certaines milices hors de tout contrôle et peinent à se faire respecter dans certaines zones. Elles ont en outre hérité d’une économie désorganisée, minée par la corruption et par la gestion anarchique des revenus du pétrole pendant plus de quarante années.
(Avec AFP)
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