L’est de la Libye déclare son autonomie et revendique le fédéralisme
Plusieurs chefs de tribus et de milices de l’est de la Libye ont décrété l’autonomie de leur région mardi 6 mars. La « Cyrénaïque », région pétrolière d’où est partie la révolte contre Mouammar Kadhafi, entend prendre sa revanche après avoir été marginalisée pendant des dizaines d’années. Le leader du CNT, Moustapha Abdeljalil, accuse des « pays arabes » de « financer la sédition ».
Mis à jour le 7/03 à 08h55
La Libye se dirige-t-elle vers la partition ? C’est en tout cas les craintes soulevées par l’annonce faite par plusieurs chefs de tribus et de milices de l’est de la Libye dans un communiqué conjoint diffusé mardi 6 mars. « La région fait le choix du système fédéral », ont-ils annoncé.
En clair, les dirigeants concernés expliquent qu’ils ont d’ores et déjà doté l’entité territoriale qui court de la frontière égyptienne à la ville de Syrte, d’un chef, d’un nom et d’un Conseil en charge de la gestion des affaires de la région.
« Le Conseil intérimaire de Cyrénaïque a été établi sous la direction de Cheikh Ahmed Zoubaïr el-Senoussi pour gérer les affaires de la région et défendre les droits de ses habitants », précise le communiqué. La Cyréanique, riche en pétrole, veut aujourd’hui prendre sa revanche après avoir été marginalisée pendant 42 ans sous le règne de Mouammar Kadhafi.
"Retourner 50 ans en arrière"
Les dirigeants de la région avait auparavant appelé le Conseil national de transition (CNT) à la mise en place d’un système fédéral. « Les Libyens se sont battus pour une Libye unie, si bien que ces demandes n’auront aucune conséquence », avait répondu Moustapha Abdeljalil, le chef du CNT, lundi 5 février. « Nous n’avons pas besoin du fédéralisme et nous ne sommes pas obligés d’adopter un système fédéral. Nous ne voulons pas retourner 50 ans en arrière », avait fustigé pour sa part le Premier ministre Abderrahim el-Kib.
La création de cette entité à en tout cas suscité un flot d’enthousiasme parmi les habitants de la région, qui se sont réunis par milliers pour fêter l’évènement. Mais si elle veut plus d’indépendance, la Cyréanique reconnaît toutefois le CNT, un « symbole de l’unité du pays et représentant légitime (de la Libye) aux sommets internationaux », estime le communiqué. Cousin de l’ancien roi Idriss el-Senoussi renversé par Kadhafi en 1969, le nouveau « dirigeant » Ahmed Zoubaïr est lui-même membre du CNT. Quant à la Cyréanique, elle était autrefois une des trois régions administratives de la Libye, avec la Tripolitaine (l’ouest) et le Fezzane (le sud). Le système fédéral a été supprimé en 1963.
"Des pays arabes financent la séditon"
« Des pays arabes frères, malheureusement, financent et parrainent la sédition qui s’est produite dans l’Est pour ne pas être contaminés par la révolution », a aussitôt réagi Moustapha Abdeljalil, lors d’une conférence de presse à Tripoli. « C’est leur crainte de la révolte qui a poussé ces pays frères à accorder leur appui à la sédition. (…) Ce qui arrive aujourd’hui est le début d’une conspiration contre le pays. C’est une question très dangereuse qui menace l’unité nationale », a-t-il dit, mettant en garde contre des « conséquences dangereuses » pouvant conduire à une Libye divisée et non-démocratique. (…) La Libye, depuis le début, est une nation avec une capitale, Tripoli », a-t-il ajouté.
Le CNT, qui a déménagé son siège de Benghazi à Tripoli après la libération du pays, peine à exercer son autorité à travers le pays, et notamment dans l’est, d’où est partie la révolution qui a mené à la chute du « Guide » libyen.
(Avec AFP)
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