Vivement la fin de la journée… de la femme
Arielle de Rothschild est présidente de CARE France.
Vivement la fin de l’unique journée dans l’année consacrée aux femmes car c’est tous les jours que les femmes doivent lutter, dans certains pays, pour faire respecter leurs droits les plus élémentaires: l’accès à l’eau ou à une nourriture décente, le droit à un travail rémunéré, à l’éducation, à la santé, à la citoyenneté. Tant que les femmes ne seront pas traitées avec le respect auxquelles elles peuvent aspirer, qu’elles ne pourront exercer pleinement leurs droits, tant qu’il restera des injustices, la journée internationale de la Femme restera une célébration fondamentale et nécessaire pour alerter. Discriminées, battues, violées, victimes d’esclavage ou tout simplement ignorées, les femmes dans de nombreux pays en développement subissent au quotidien les conséquences de l’ignorance et de la pauvreté.
Leur réalité est encore aujourd’hui plus dure que ce que l’on imagine. 80 % des 27 millions de réfugiés dans le monde sont des femmes et des enfants (1), deux tiers des personnes illettrées dans le monde sont des femmes (2), 70 % des personnes pauvres subsistant avec moins de 1,25 dollar par jour sont des femmes (3)… la liste est longue et le dernier rapport des objectifs du Millénaire n’est guère encourageant : à 3 ans de l’échéance, il est bien certain que l’objectif 3 « de promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes » ne sera pas atteint.
Oui, les femmes sont les premières victimes de la pauvreté, de la violence et des inégalités. Les protéger, leur donner accès à l’éducation, aux droits élémentaires, à la santé primaire afin de leur permettre de vivre dignement constituent les bases essentielles de la lutte contre la pauvreté et doit rester une priorité des politiques nationales et internationales.
Mais malgré ces difficultés, dans des contextes bien souvent extrêmes, des femmes partout s’engagent, s’impliquent et changent leur vie et celles de leur entourage. Leur rôle au sein de la famille, de leurs communautés et du développement d’un pays n’est plus à démontrer. Participantes, leaders d’alternatives innovantes, elles ne cessent de démontrer leur force, et leur courage dès qu’il s’agit de lutter contre l’injustice ou la pauvreté. Les femmes sont un formidable levier de développement parce qu’elles entraînent leur famille et leur entourage. Une journée dans l’année, c’est bien peu au regard de leur combat au quotidien.
En ce 8 mars 2012, c’est cette vision d’espoir que j’ai envie de partager avec vous aujourd’hui, car elle est trop peu souvent relayée. De l’humanitaire, que ce soit dans des interventions d’urgence ou de développement, on ne retient que trop d’images de souffrance. Des images choquantes souvent, utiles parfois, mais qui ne peuvent pas être la seule vision de notre travail d’humanitaire, ni des hommes et des femmes que nous rencontrons sur le terrain et qui se battent avec dignité.
Si on leur en donne l’opportunité, les femmes sont capables de réaliser des prodiges. À l’instar de Fatuma Adan Mohammed, jeune femme de 23 ans qui est arrivée avec sa famille dans le camp de Dadaab au Kenya à l’âge de 3 ans. Malgré des conditions de vie difficiles et son interdiction à quitter le camp, elle a bénéficié d’un programme d’éducation et travaille désormais pour l’ONG CARE dans l’aide aux nouveaux réfugiés. Maria Landa, au Pérou qui grâce à un micro crédit et une formation professionnelle est aujourd’hui chef d’une petite entreprise, mais aussi Anasuyamma Lanusuya qui a pu créer son entreprise de fabrication de savon et se bat pour le droit des autres femmes en Inde.*
Je pense à elles et à toutes les autres. Elles méritent notre respect et notre fierté aujourd’hui, le 8 mars, mais aussi tous les autres jours de l’année.
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*En savoir plus sur les parcours de ces femmes : http://vivementlafindelajournee.carefrance.org/
1 UNHCR, Rapport statistique du HCR, 2010
2 UNICEF, Progress for children, 2005
3 UNICEF, "Gender Equality – The Big Picture," 2007
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