Torture au Togo : Lomé réclame des sanctions contre des membres de l’ANR
Les autorités togolaises ont demandé que des sanctions soient prises à l’encontre des membres de l’Agence nationale de renseignement (ANR), accusés d’avoir torturé des prévenus dans l’affaire du coup d’État déjoué de 2009.
Sur les 33 militaires et civils inculpés en septembre 2011 par la Cour suprême, pour le putsch manqué d’avril 2009 contre le président togolais Faure Gnassingbé, la plupart affirment avoir été torturés au cours de leur détention à l’Agence nationale de renseignement (ANR).
Mercredi 29 février, lors du conseil des ministres, le gouvernement a invité le haut commandement militaire « à engager une procédure en vue de sanctions disciplinaires de façon immédiate contre les agents de l’ANR mis en cause », a fait savoir Yacoubou Hamadou, ministre des arts et de la Culture dans une allocution télévisée.
Contradictions
Cette annonce intervient quelques jours après que des organisations de défense des droits de l’homme aient réclamé la démission du gouvernement du fait de ce dossier.
Le 19 février, en se basant sur un rapport qu’elles disaient émaner de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), les autorités avaient d’abord nié toutes exactions.
Mais la CNDH avait alors réagit le lendemain en démentant la paternité du rapport et en publiant sa propre version des faits qui confirmait des actes de violences physiques et morales à caractère inhumain et dégradant. Mercredi, une délégation officielle de l’organisation remettait son enquête au Premier ministre Gilbert Houngbo.
Après la publication des deux rapports contradictoires, l’Union européenne a fait part de sa vive préoccupation et a demandé des clarifications. Plusieurs partis d’opposition avaient eux aussi demandé au gouvernement de faire la lumière sur ce dossier.
Craignant pour sa sécurité, le président de l’organisation, Koffi Kounté, s’est réfugié en France.
"L’ANR ne fera que du renseignement"
Outre les sanctions disciplinaires qui avaient été recommandées par la CNDH dans son rapport, le gouvernement a annoncé que l’ANR ne « peut plus garder dans ses locaux des personnes appréhendées, ni pour une détention provisoire, ni pour une garde à vue. Cette prérogative est dévolue à la police judiciaire, l’ANR ne fera que du renseignement » a précisé Yacoubou Hamadou.
Se voulant rassurant, le ministre des Arts et de la culture a également déclaré que « des mesures sécuritaires seraient prises pour la famille du président de la CNDH, Koffi Kounté, et pour lui-même au cas où il déciderait de rentrer au pays. »
(Avec AFP)
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