Syrie : et pendant ce temps, Bachar al-Assad réprime…
Une nouvelle fois, à la suite de la réunion des « Amis de la Syrie » à Tunis vendredi dernier, les chancelleries s’opposent sur le cas syrien : d’un côté les Occidentaux et la Ligue arabe, de l’autre Pékin et Moscou, toujours aussi intransigeants. Entre eux, la Syrie, un pays dont l’horizon semble progressivement se réduire à la guerre civile.
Voilà près d’un an que la scène se répète. Pression occidentale, blocage sino-russe. Mois après mois, semaine après semaine, à New-York, Paris, Tunis. Lundi, après la réunion des « Amis de la Syrie », vendredi en Tunisie, les Russes et les Chinois ont gardé le cap et ont dénoncé comme ingérence inadmissible toute intervention extérieure sur la scène politique syrienne.
« Le monde extérieur ne devrait pas imposer son supposé plan de solution de la crise au peuple syrien », a ainsi déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères au sujet du plan d’aide international proposé vendredi. Son homologue russe a de son côté fustigé le « caractère unilatéral » de la conférence des « Amis de la Syrie », dans la droite ligne des déclarations du Premier ministre Vladimir Poutine pour qui les Occidentaux « manquent de patience pour élaborer une approche équilibrée » à l’égard de la Syrie.
Sanctions économiques en série
Quand Assad agite la carotte du multipartisme
Le régime syrien a organisé dimanche un référendum concernant une nouvelle Constitution instaurant le « pluralisme politique » et supprimant l’article 8 sur la prééminence du parti Baas. Celle-ci maintient de larges prérogatives pour le président tout en limitant à deux ses mandats. Elle a été approuvée par 89,4% des votants. Si la Russie a qualifié le référendum « d’étape importante sur la voie des réformes », Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères français, a préféré évoquer une « sinistre mascarade », les actions militaires contre les rebelles n’ayant pas été suspendues pendant le scrutin.
C’est la seconde fois que Bachar al-Assad utilise l’argument du multipartisme. Déjà, en août 2011, alors que la répression battait son plein à Hama, il promettait son instauration par décret présidentiel, l’article 8 étant à l’époque maintenu. Si ce dernier devrait aujourd’hui être aboli, l’issue de la manœuvre n’en est pas moins incertaine.
L’Union européenne a cependant choisi de renforcer lundi les sanctions économiques visant la République arabe. Les biens de la Banque Centrale syrienne en Europe ont été gelés, le commerce de métaux précieux a été interdit et un embargo a été prononcé sur les vols de fret à destination du pays.
Ces mesures viennent s’ajouter à un autre embargo, sur le pétrole cette fois, exercé depuis septembre, et qui a déjà fait de sérieux dégâts dans l’économie syrienne, provoquant notamment une forte dévaluation de la livre. Une sanction qui a le mérite de prouver la fermeté européenne mais dont l’efficacité reste à démontrer : elle semble pour le moment davantage toucher les classes moyennes que le régime de Bachar al-Assad.
"Il faudrait qu’il y ait une paix à maintenir"
Faut-il encore croire à une solution diplomatique, comme se forcent à le faire les Occidentaux, qui refusent de s’embarquer dans une intervention militaire ? Les chances semblent bien minces. Le Qatar, lundi, comme l’avait fait l’Arabie Saoudite vendredi, s’est en effet prononcé en faveur d’une stratégie d’armement des rebelles, afin que ces derniers puissent se défendre contre l’armée syrienne.
La Grande-Bretagne, par la voix du secrétaire au Foreign Office William Hague, s’est même laissée aller à un aveu de taille en rejetant pour le moment une mission de maintien de la paix sous prétexte que, « pour que cela puisse fonctionner, il faudrait qu’il y ait une paix à maintenir. »
Pas d’intervention donc, mais pas davantage de solution. Le statu quo a toutes les chances de perdurer, au grand bonheur de Bachar al-Assad. Celui-ci s’est même offert un référendum dimanche dans lequel la population syrienne a approuvé à 89,4% un changement de Constitution qui introduit le multipartisme (voir encadré). Une avalanche de « oui » douteuse alors que, pour les habitants de Hama, Alep ou Homs, les bombes continuent de pleuvoir et ont fait, ce week-end encore, plus de 150 morts selon l’opposition.
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