Présidentielle sénégalaise : Wade accueilli par des huées à son bureau de vote
Accueilli par des huées dans son quartier historique de Dakar, le président sortant Abdoulaye Wade a montré des signes d’énervement. La police a évité des affrontements entre certains de ses partisans et des contestataires.
Mauvaise surprise pour Abdoulaye Wade. Venu voter pour la présidentielle avec sa femme Viviane et ses deux enfants, Karim et Sindiély, dans le bureau de vote du quartier de sa résidence privée, à Point E, à Dakar, le président sortant a eu droit à une bronca.
Accueilli aux alentours de midi par pléthore de journalistes et de policiers, il s’est dirigé tant bien que mal vers le bureau de vote n°2, dans l’enceinte d’un lycée. Quelques partisans ont alors entonné des slogans à sa gloire. « Gorgui président ! Gorgui président ! » Mais rapidement, leurs chants ont été inaudibles : des dizaines d’électeurs qui attendaient de voter ont hué le président. « Va-t-en ! » « Qu’il s’en aille ! »
À sa sortie du bureau de vote, la contestation s’est amplifiée. Des hommes et des femmes ont exhorté, gestes à l’appui, Wade à partir. Ce dernier a montré quelques signes d’énervement, repoussant de ses bras une personne qui s’était approchée de lui, avant de quitter les lieux sous bonne escorte. Visiblement irrité, l’air grave, il n’a pas fait de déclaration malgré la forte présence de journalistes sénégalais et étrangers.
La vidéo de l’arrivée de Abdoulaye Wade au bureau de vote.
"Comme dans un stade"
La fille du président-candidat, Sindiély, a tenté de minimiser cette bronca. « C’est comme dans un stade, il y a des pour et des contres », a-t-elle déclaré à l’extérieur du bureau de vote. « C’est le jeu de la démocratie ». Outre sa famille, le président comptait autour de lui le ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom, et le président du Sénat, Pape Diop.
Même après le départ du président, la tension a perduré. Des partisans de Wade ont failli en venir aux mains avec des contestataires. L’un d’eux a échappé au lynchage grâce à l’intervention des policiers. « Ce n’est pas normal, on a le droit de soutenir Wade. On est en démocratie », a-t-il hurlé. Pour un contestataire qui avait voté pour Moustapha Niasse quelques minutes plus tôt, « Wade doit partir, il a fait assez de mal au pays ».
Mobilisation importante
Après quatre heures de vote, la mobilisation était à l’image de ce bureau de vote du Point E : importante dans l’ensemble du pays, selon les premières constatations des médias et des observateurs. Aucun chiffre sur le taux de participation n’avait cependant été donné à 13 heures. Dans les bureaux de la capitale, certains électeurs ont fait la queue plusieurs heures avant de pouvoir mettre leur bulletin dans l’urne.
Peu d’incidents avaient été recensés. En Casamance, une région en proie à un conflit armé depuis trente ans, quelques bureaux de vote n’avaient pas pu ouvrir dans la matinée. D’autres ont été déplacés.
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Par Rémi Carayol, à Dakar
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