Présidentielle sénégalaise : la proposition d’Obasanjo fait pshitt

En proposant une feuille de route prévoyant une transition de deux ans en cas de victoire de Wade à l’élection présidentielle, l’ancien président nigérian a suscité une véritable levée de bouclier. Ni l’opposition ni le pouvoir sénégalais ne veulent en entendre parler.

Olusegun Obasanjo a écourté sa conférence de presse, samedi soir. © AFP

Olusegun Obasanjo a écourté sa conférence de presse, samedi soir. © AFP

Publié le 26 février 2012 Lecture : 2 minutes.

Le chef de la mission d’observation et de paix de l’Union africaine et de la Cedeao au Sénégal, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, a fait l’unanimité contre lui avec sa proposition de « feuille de route ». Moins de vingt-quatre heures après l’avoir transmise au président sortant Abdoulaye Wade et à l’opposition, il a dû reconnaître, à l’issue d’une conférence de presse insolite, samedi en fin de journée dans un hôtel de Dakar, qu’elle n’avait été acceptée par personne.

Ce document qui a surpris tous les observateurs prévoyait une transition de deux ans en cas de victoire de Wade, ce dimanche, lors du scrutin présidentiel, ainsi que (entre autres) la création d’une commission électorale indépendante et la nomination d’un gouvernement d’union nationale. Aux questions des journalistes sur la durée de cette transition, il a répondu : « Le président lui-même a parlé de poursuivre ses travaux pendant trois ans, et une partie de l’opposition a évoqué un délai de neuf mois. Entre les deux, quelle est la ligne médiane ? » a-t-il expliqué, avant de clore la conférence et de laisser sur leur faim des journalistes médusés.

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"Comment évoquer la victoire de Wade avant le vote ?"

Les candidats aussi, l’étaient. « C’est incompréhensible », a pesté Macky Sall, donné comme le principal outsider de Wade. « Comment peut-on évoquer la victoire de Wade avant même que ne se soit tenu le scrutin !? Nous récusons cette proposition avec force ». Quatre de ses partisans ont même perturbé la conférence de presse d’Obasango en lui demandant de quitter le pays.

La coalition Benno Siggil Senegal de Moustapha Niasse a également refusé de signer le document, tandis qu’en milieu d’après-midi, samedi, Ousmane Tanor Dieng indiquait ne pas vouloir se prononcer avant d’en avoir discuté avec ses alliés. Les autres membres du M23 (mouvement du 23 juin), une coalition de partis et d’organisations de la société civile opposés à la candidature de Wade mais de plus en plus divisés, se sont montrés moins catégoriques, en proposant des amendements à la feuille de route d’Obasanjo.

Il y a quinze ans, qui se doutait que ce pays si stable pourrait si vite sombrer ?

Un observateur international

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Crainte d’escalade de la violence

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Du côté du parti au pouvoir, la réponse est claire : « Le processus est enclenché. Le Sénégal est une démocratie. Le président de la République est élu pour sept ans, il est hors de question d’accepter cette feuille de route », a indiqué le porte-parole de Wade, Amadou Sall.
Selon un diplomate européen, la proposition d’Obasanjo « est prématurée ». Et s’explique par « la crainte de l’ancien président nigérian d’une escalade de la violence ».

« Obasanjo est inquiet pour l’après-scrutin », confirme un observateur international. « Il veut à tout prix éviter que le Sénégal ne vive le même sort que la Côte d’Ivoire. Il y a quinze ans, qui se doutait que ce pays si stable pourrait si vite sombrer ? »

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Par Rémi Carayol, à Dakar

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