Le sud-africain PIC, gendarme de la bonne gouvernance en Afrique ?

Principal actionnaire d’Ecobank, le sud-africain Public Investment Corporation (PIC) veut poursuivre son expansion sur le continent. Mais entend bien faire respecter ses principes dans le même temps.

Elias Masilela, directeur général de PIC, le 6 juillet 2007 à Johannesburg. © Gallo Images/Getty Images

Elias Masilela, directeur général de PIC, le 6 juillet 2007 à Johannesburg. © Gallo Images/Getty Images

Publié le 16 août 2013 Lecture : 3 minutes.

Alors que Public Investment Corporation (PIC), principal actionnaire d’Ecobank Transnational Incorporated, s’inquiétait d’éventuels problèmes de gouvernance, le conseil d’administration de la banque panafricaine, qui s’est réuni le 5 août, a réaffirmé sa confiance au président Kolapo Lawson. La raison de ces inquiétudes ? Un présumé conflit d’intérêts dénoncé par la Banque centrale du Nigeria : l’une des entreprises de Kolapo Lawson, actuel président d’ETI, a bénéficié d’un crédit de près de 1,6 milliard de nairas [7,5 millions d’euros environ] de la part d’Ecobank. Bien que la direction de ce dernier affirme que le prêt a été accordé dans le respect des principes de bonne gouvernance et qu’il n’a pas eu d’impact négatif sur les résultats du groupe, PIC, le gestionnaire de fonds de pension sud-africain, qui détient environ 20 % du capital d’ETI depuis 2012, a demandé des explications.

Incubateur

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Avec un portefeuille de plus de 94 milliards d’euros, PIC est un poids lourd de l’investissement.

Pour comprendre PIC – dont le portefeuille dépasse 94 milliards d’euros – et son attachement à la bonne gouvernance, il faut revenir sur son histoire. Entièrement détenue par l’État sud-africain, la société dispose de son propre conseil d’administration, supervisé par le ministre des Finances. Ses clients sont des entités du secteur public exclusivement. Parmi eux, le Fonds de pension des employés du gouvernement (GEPF) est de loin le plus important. Régime de retraite à prestations déterminées, le GEPF compte environ 1,2 million de membres actifs et 360 000 retraités qui, tous, sont ou ont été fonctionnaires. « Envisager le PIC et le GEPF comme des entités distinctes serait une erreur, l’un étant, par extension, une branche de l’autre », affirme John Oliphant, le plus haut dirigeant du GEPF. Ainsi, lui-même collabore étroitement avec Elias Masilela, le directeur général de PIC, pour imaginer une stratégie d’investissement et élaborer des politiques sociales et de bonne gouvernance. Objectif des deux partenaires : promouvoir l’investissement socialement responsable, favorable au développement.

Et telle sera la ligne directrice de PIC dans son expansion africaine, commencée en 2007 avec une prise de participation dans le Fonds panafricain de développement des infrastructures (PAIDF). Après son investissement dans Ecobank cinq ans plus tard, le fonds de pension serait actuellement en quête de nouvelles opportunités en Afrique subsaharienne.

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Récemment, les lois régissant les mandats d’investissement des fonds de pension sud-africains ont été réformées, ce qui leur a permis d’obtenir une allocation supplémentaire de 5 % pour investir sur le continent. Laquelle s’ajoute aux 20 % pouvant déjà être investis à l’étranger. Ainsi, afin d’utiliser les 7 milliards de dollars dont il dispose pour l’Afrique, PIC a dû adapter ses méthodes. S’il investit en Afrique du Sud sur des marchés financiers bien développés, il compte plutôt agir sur le reste du continent comme un fonds de private equity en entrant au capital d’entreprises. Il lui faut donc développer ses compétences dans ce domaine.

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Outre son implication dans les questions de gouvernance et dans l’amélioration du climat des affaires, PIC soutient les jeunes entrepreneurs. Il a notamment mis en place un incubateur d’entreprises censé aider les investisseurs noirs à se développer. PIC a récompensé les plus méritants en leur confiant des actifs en accord avec sa propre logique d’investissement.

Shérif

En outre, PIC et GEPF sont signataires des Principes pour l’investissement responsable des Nations unies (UN PRI). Ainsi, John Oliphant milite activement pour que les plus grands investisseurs institutionnels mondiaux soient présents à la conférence de l’UN PRI, qui aura lieu au Cap en octobre 2013. À cette occasion – une première sur le continent -, PIC et GEPF souhaitent mettre en avant les opportunités offertes par l’Afrique. « Si les plus grands investisseurs se rendent compte du travail que nous réalisons sur le continent, ils investiront à nos côtés en toute confiance », déclare John Oliphant. L’Afrique aurait-elle gagné un nouveau shérif ?

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