CFI, au service des médias africains… et de la France

Recentré sur des missions de conseil et de formation, Canal France International (CFI) multiplie les projets de coopération avec les médias du continent, notamment au Mali.

Après le Mali, CFI mettra sans doute le cap sur la Côte d’Ivoire. © Reuters

Après le Mali, CFI mettra sans doute le cap sur la Côte d’Ivoire. © Reuters

Julien_Clemencot

Publié le 24 février 2012 Lecture : 3 minutes.

Pour Abdoullah Coulibaly, organisateur du Forum de Bamako, au Mali, il n’était pas question cette année de faire l’impasse sur le rôle d’Internet dans une démocratie, « surtout après les révolutions arabes ». D’autant que pour sa douzième édition, l’événement a fait plancher pendant trois jours, du 16 au 18 février, économistes, universitaires et représentants de la société civile sur le rôle de l’État dans l’Afrique du XXIe siècle. Question brûlante au moment où le pays est le théâtre d’affrontements entre la rébellion touarègue et le pouvoir central.

En marge du forum, Abdoullah Coulibaly a d’ailleurs joint réflexions théoriques et travaux pratiques en accueillant pour la première fois une formation de blogueurs africains. Une session animée par Cédric Kalonji, journaliste et bloggeur congolais dépêché par Canal France International (CFI). Fini le temps où tous les moyens de CFI était accaparés par l’achat de programmes. Depuis plusieurs années, l’organisme de coopération média de l’État français s’est recentré sur ses missions de conseils et de formation à l’origine de sa création il y a deux décennies.

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Programmes à la carte

Et même si son budget a fondu pour s’établir à 17 millions d’euros (contre 19 millions en 2007), Guillaume Pierre, responsable du pôle Afrique, relativise la portée de ces économies : « Auparavant CFI achetait beaucoup de programmes donnés ensuite quasiment gratuitement à de très nombreuses chaînes dans le monde qui les utilisaient peu. Cela coûtait très cher. Dorénavant nous distribuons moins, mais mieux : uniquement sur l’Afrique subsaharienne (programmes d’information, émissions jeunesse…) et uniquement des programmes que nos partenaires ont eux-mêmes choisis. Ainsi nous pouvons multiplier les missions, [139 en 2010, NDLR], que ce soit pour aider une télévision ou une radio à améliorer sa grille des programmes, le fonctionnement de sa régie publicitaire ou pour favoriser une meilleure couverture de l’actualité politique. » Une expertise que les États du continent n’hésitent pas à solliciter à l’approche des périodes électorales. En octobre dernier, CFI était par exemple intervenu en République démocratique du Congo (RDC).

Même chose au Mali mi-février en vue de l’élection présidentielle d’avril-mai. Au programme : une formation pour une cinquantaine de journalistes locaux de la télévision, de la presse, de la radio et d’Internet, animée par des professionnels venus de France. « Les sessions ont abordé des questions de fond comme la déontologie, l’équité, le respect du pluralisme des expressions, mais aussi des questions concrètes comme la distribution de la parole ou l’alternance des plans des différents participants lors d’un débat télévisé », explique Boris Zakowsky, de CFI. « Notre  rôle est  d’aider  les  médias à informer  les  citoyens  de manière claire et objective. Permettre aux électeurs de comprendre les propositions de chaque candidat est encore un  exercice  complexe  à  maîtriser  pour  les  journalistes, même dans  un  pays  qui  a  connu  plusieurs scrutins démocratiques comme le Mali », résume Étienne Fiatte, directeur général  de  CFI.

"Soft power" français

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Sollicitée par le ministre de la Communication, Sidiki Konaté, l’intervention de CFI a aussi reçu l’aval de l’ambassade de France à Bamako. Placée sous la tutelle du ministère des Affaires étrangères français, Canal France International fait en effet partie intégrante du « soft power » (diplomatie) déployé par Paris. La France n’est bien sûr pas le seul pays à pratiquer ce type de coopération. C’est aussi le cas de la Grande Bretagne via BBC World Service Trust, une entité rattachée à la télévision publique.

Après le Mali, CFI mettra sans doute le cap sur la Côte d’Ivoire où la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) peine encore à trouver son équilibre après la crise post-éléctorale, alors que dans le même temps se profilent des dossiers plus techniques comme le passage à la télévision numérique terrestre prévue en 2015. Une suite logique. Avec l’aval du Quai d’Orsay, CFI avait déjà prévu de collaborer avec Alassane Ouattara quand celui-ci souhaitait monter sa propre chaîne de TV. Mais la chute de Laurent Gbagbo avait naturellement mis un terme au projet.

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