Syrie : la pression internationale n’arrête pas les bombes de Bachar al-Assad
Alors que « les amis de la Syrie » se réunissent à Tunis vendredi pour favoriser une issue pacifique à la crise, à Homs, la paix semble ravalée au rang de simple souvenir. Sous un déluge quotidien de bombes, populations et journalistes tentent de survivre. Pour combien de temps ?
Homs. Ville assiégée. Ville frondeuse. Ville mourante, payant le prix de sa contestation au régime de Bachar al-Assad. Désormais, seul le quartier de Baba Amro continue encore de tenir tête au régime. Mais, sous un déluge de bombes, ce dernier bastion des révoltés n’a pas beaucoup d’espoir, à en croire les déclarations du Conseil National Syrien (CNS) mercredi : « Nous avons le choix entre deux maux : une intervention militaire ou une guerre civile ».
La réponse devra encore attendre puisque les pays occidentaux et la Ligue arabe, qui se réunissaient une nouvelle fois vendredi à Tunis, se sont contentés de proposer un système d’aide internationale, établi en collaboration avec le Comité international de la Croix Rouge (CICR). Ils ont également appelé à un cessez le feu mais le plan ne comporterait aucune disposition réellement contraignante pour le régime syrien, qui a de toute façon prouvé le peu de considération qu’il accordait aux injonctions occidentales, du moins tant que Moscou et Pékin seront derrière lui.
La presse, "cible privilégiée"
Depuis quelques semaines, et malgré les alertes de la communauté internationale, la répression n’a fait que gagner en intensité, l’armée cherchant à réduire la résistance de Homs à tout prix, y parvenant sauf dans le quartier de Baba Amro. Mercredi, les bombardements ont encore fait 24 victimes dans la ville, dont deux journalistes étrangers, le photographe Rémi Ochlik et la reporter du Sunday Times Marie Colvin.
Si Bachar al-Assad écrase Homs sous un tapis de bombes, c’est aussi d’une chape de plomb qu’il voudrait recouvrir la ville, en empêchant les journalistes étrangers de transmettre leurs informations comme l’avait fait Marie Colvin dans l’un de ses derniers reportage, accusant l’armée de bombarder Homs de sang-froid et d’affamer les civils.
Le régime a-t-il délibérément décidé de cibler la presse dans ses attaques ? Pour Jean-Pierre Perrin, grand reporter au quotidien français Libération, de retour de la ville rebelle, cela ne fait aucun doute : « Le petit centre de presse [situé dans le quartier de Baba Amro, NDLR], régulièrement bombardé, est une des cibles privilégiées par l’armée syrienne » qui « recommande de tuer tout journaliste qui mettra un pied sur le sol syrien. » Le ministère de l’Information syrien se contente de son côté de souligner la situation illégale de ces reporters, entrés irrégulièrement sur le sol de la République arabe, les visas officiels leur étant quasi-systématiquement refusés.
Les derniers jours de Homs ?
Le poids de l’information, et surtout celui des morts, plus de 7 600 personnes selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) depuis le début de la révolte en mars 2011, suffiront-ils à changer la donne à Pékin et Moscou, qui accordent toujours leur soutien au régime syrien ?
Pour Homs, il sera peut-être déjà trop tard. Des chars de l’armée syrienne sont entrés en action jeudi à Bab Amro. Peut-être pour la dernière fois.
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