Togo : l’étrange rapport sur la torture qui embarrasse le gouvernement

En publiant sur un site Internet proche du gouvernement, republicoftogo.com, un rapport controversé attribué à la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), l’exécutif togolais s’est mis dans une position embarrassante vis à vis de la communauté internationale. L’image du Togo à l’ONU s’en trouve écornée.

La cour de Justice de Lomé le 1er septembre 2011. © AFP

La cour de Justice de Lomé le 1er septembre 2011. © AFP

Publié le 23 février 2012 Lecture : 2 minutes.

Suite aux allégations de tortures émanant de la plupart des accusés au procès de Kpatcha Gnassingbé, demi-frère du président Faure Gnassingbé accusé et condamné pour tentative de coup d’État, une enquête a été ouverte en septembre par la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH), à la demande du gouvernement. Or ce dernier a publié dimanche dernier une étrange version du rapport d’enquête, attribué la CNDH, affirmant que « l’accusation de torture doit être rejetée ».

Mais c’est un tout autre rapport qui a été publié lundi sur le site Internet de la CNDH. Et celui-ci « constate qu’il a été commis sur les détenus, des actes de violences physique et morale à caractère inhumain et dégradant ». Le président de la CNDH, Koffi Kounté, est monté au créneau pour dénoncer le rapport publié par les autorités, qui aurait été « obtenu sous la menace ».

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Dans un communiqué publié lundi soir, le gouvernement « dément catégoriquement ces allégations de menaces et précise qu’il n’a reçu de la CNDH qu’un seul rapport paraphé et signé par son président. Et c’est ce rapport qu’il a rendu public en toute transparence ». Contacté par Jeune Afrique, un proche du chef de l’État Faure Gbnassingbé assure cependant que « des sanctions graves tomberont à l’encontre de ceux qui seraient mêlés à cette affaire ». En clair, ceux qui seraient responsables d’une tentative de manipulation.

"Vive préoccupation" de l’UE

En attendant, Kounté est depuis quelques jours à Paris, où il pourrait avoir trouvé refuge, et se dit inquiet pour sa sécurité et celle de sa famille. Il craint des représailles de la part de « certains hauts gradés des Forces armées togolaises » (FAT), nommément cités dans le rapport.

L’Union européenne (UE) a quant à elle fait part dans un communiqué mardi soir de sa « vive préoccupation » et dit souhaiter « rapidement » des « clarifications ». Certains partis de l’opposition réclament aussi des explications, voire la libération de tous les détenus de « l’affaire Kpatcha ».

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En mars prochain, le Togo est attendu devant la Commission des droits de l’homme de l’ONU à Genève pour présenter son rapport sur l’application des recommandations qui lui ont été faites en octobre dernier. Nul doute que l’image du pays, admis depuis janvier comme membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU pour deux ans, n’avait pas besoin de cette affaire.

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