RDC : l’UDPS de Tshisekedi au bord de l’explosion ?

L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) a exclu lundi 20 février l’un de ses membres, le doyen des députés Timothée Kombo. Il lui est reproché d’avoir siégé comme président du bureau provisoire de la nouvelle Assemble nationale congolaise. Cette éviction en annonce-t-elle d’autres, et augure-t-elle de l’explosion prochaine de la formation politique d’Étienne Tshisekedi ?

Étienne Tshisekedi menace d’exclusion tout député de l’UDPS qui siègerait à l’Assemblée. © Gwenn Bourtholomieu/AFP

Étienne Tshisekedi menace d’exclusion tout député de l’UDPS qui siègerait à l’Assemblée. © Gwenn Bourtholomieu/AFP

Publié le 20 février 2012 Lecture : 3 minutes.

« Il est inconcevable qu’un membre du parti accepte de siéger dans une institution issue des législatives dont les résultats ont été déclarés nuls par sa propre formation politique ». Pour Valentin Mubake, conseiller politique d’Étienne Tshisekedi, le comportement de Timothée Kombo, membre de l’UDPS mais investi nouveau président du bureau provisoire de la nouvelle Assemblée nationale congolaise le 16 février, constitue « un opprobre jeté sur sa formation politique ». Conséquence : le fautif a été exclu du parti lundi. Et l’UDPS ne compte pas s’arrêter là.

« Tout député élu sous les couleurs du parti qui validera son mandat sera exclu », prévient Valentin Mubake, lui-même candidat malheureux aux dernières législatives dont les résultats partiels controversés publiés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ont crédité l’UDPS de 42 sièges sur 500.

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"Dialogue en interne"

« Ce n’est pas le départ de 42 députés qui ébranlera un parti vieux de 30 ans », prévient Mubake. Un durcissement de ton que « ne comprend pas » José Nzau Vola, membre de l’UDPS et élu député national dans la même circonscription électorale que Timothée Kombo. S’il se refuse de commenter la décision d’exclusion qui frappe son « ami », il préconise « le dialogue en interne » pour trouver un compromis.

Pour lui, trois clivages se dessinent désormais à l’UDPS. « Un groupe qui soutient qu’il ne faut pas siéger à la nouvelle Assemblée nationale ; un autre qui recommande au parti de permettre aux membres élus de valider leur mandat et non de siéger ; et un autre groupe qui appelle le parti à prendre part à l’hémicycle, explique-t-il. Il faudrait donc parvenir à une voie commune ». Mais les radicaux du parti ne l’entendent pas du tout de cette oreille.

"Dans une assemblée, ce qui compte c’est la loi du nombre"

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« Il n’y aura pas de négociation à ce sujet », tranche Valentin Mubake. Entre le parti et l’hémicycle, « il faudra choisir. (…) Nous avons tiré une leçon de la législature précédente. Ayant plus de députés, la majorité actuelle a fait récemment passer, à son avantage, le scrutin présidentiel de deux tours à un tour, rappelle-t-il. Que pouvons-nous changer avec 42 députés là où le Mouvement de libération du Congo (MLC) n’a rien pu faire avec 64 ? » Et de conclure : « Dans une assemblée, ce qui compte c’est la loi du nombre ».

Un avis que ne partage pas son camarade du parti José Nzau Vola. « L’histoire nous rappelle qu’en 1980, c’est avec un groupe de 13 parlementaires que l’UDPS avait écrit une lettre ouverte de plusieurs pages à Mobutu Sese Seko [ancien président de l’ex-Zaïre] pour essayer de bouger les lignes ». L’élu de l’UDPS penche donc vers la participation de sa formation politique à la nouvelle Assemblée. Mais, sa décision de siéger ou non à l’hémicycle ne sera prise qu’« après avoir mûrement réfléchi la question », précise-t-il aussitôt. Une plénière de la nouvelle Assemblée nationale est convoquée vendredi pour valider le mandat de chaque député. Ce sera l’heure de vérité pour l’UDPS.

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« S’il persiste dans sa stratégie de la chaise vide, c’est l’ensemble de l’opposition qui en pâtira », souligne le professeur Philippe Biyoya, analyste de la vie politique congolaise. « Dans les circonstances actuelles, ne pas prendre part aux institutions ne profitera pas à l’UDPS, et encore moins au peuple dont on prétend défendre les intérêts. Au contraire, la majorité risque de tout contrôler ». Mais la direction du parti d’Étienne Tshisekedi ne semble pas prête à changer son fusil d’épaule. Du moins pour l’instant.
 

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