Sénégal : l’opposition prévoit de nouvelles manifestations vendredi et samedi

Trois leaders du collectif sénégalais « Y’en a marre » ont été arrêtés jeudi à Dakar, à la veille de nouvelles manifestations de l’opposition.

Face à face entre manifestants et policiers à Dakar, le 15 février 2012. © Mamadou Toure Behan/AFP

Face à face entre manifestants et policiers à Dakar, le 15 février 2012. © Mamadou Toure Behan/AFP

Publié le 16 février 2012 Lecture : 3 minutes.

Trois leaders du Mouvement du 23 juin (M23), parmi lesquels les rappeurs Simon et Kilifeu, ont été arrêtés au moment où ils tentaient de se rendre place de l’Obélisque, accompagnés de quelques dizaines d’autres jeunes du collectif, pour participer à un rassemblement interdit par le gouvernement sénégalais.

Sur la place, de nombreux policiers étaient présents afin d’empêcher un sit-in permanent contre la candidature du chef de l’État, Abdoulaye Wade, à la présidentielle du 26 février. La police, après avoir signifié l’interdiction du rassemblement aux leaders de Y’en a marre, avait essayé de disperser les jeunes avec des gaz lacrymogènes. Les arrestations ont été opérées alors que ces derniers tentaient de revenir.

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Jeudi matin, les responsables du collectif avaient en vain tenté de rencontrer le préfet de Dakar, tout en annonçant le maintien de leur manifestation, affirmant que toutes les déclarations nécessaires à la tenue de leur rassemblement avaient été déposées auprès des autorités compétentes. « Y’en a marre » prévoyait de lancer mardi une opération baptisée Fanaa, veillée en wolof. Place de l’obélisque, le collectif et ses membres espéraient dormir sur la place jusqu’à ce que le président Abdoulaye Wade retire sa candidature.

Manifestation interdite

« Ce sit-in permanent s’apparente à un délit de vagabondage, pour occuper cette place et créer un fait accompli », a affirmé jeudi Ousmane Ngom, ministre sénégalais de l’Intérieur, précisant : « au Sénégal, nous sommes dans un régime de liberté, c’est-à-dire que le principe de la liberté de réunion, de manifestation et de rassemblement sur la voie publique est garantie par la Constitution. »

Par ailleurs, l’opposition sénégalaise appelle à de nouveaux rassemblements vendredi et samedi dans le centre de Dakar malgré l’interdiction des autorités. « Nous avons décidé de retourner vendredi à la place de l’indépendance, à 15 heures, après la prière », a fait savoir plus tôt dans la matinée de jeudi un des coordinateur du mouvement du 23 Juin (M23), Alioune Tine, lors d’une conférence de presse.

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Même appel pour le lendemain. « Samedi, nous retournerons sur cette même place de l’indépendance à partir de 11 heures. Ce sera une journée nationale d’action dans tout le pays », a ajouté Alioune Tine, appelant « tous les Sénégalais à venir chasser l’intrus ». C’est à dire, pour les opposants sénagalais, le président Abdoulaye Wade, qui brigue un troisième mandat à la présidentielle du 26 février.

"Ligne non-violente et légale"

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« Il faut que les citoyens viennent dire non à la forfaiture politique, non à la violation de la Constitution, et exiger le retrait inconditionnel de la candidature du président Wade », a martelé Tine, réaffirmant la « ligne non-violente et légale » du M23, un mouvement qui regroupe l’opposition et la société civile sénégalaises. Les demandes d’autorisation des rassemblements de vendredi et de samedi ont été déposées par le candidat Ibrahima Fall, qui « a fait toutes les démarches en bonne et due-forme », a précisé le coordinateur du M23.

Durant la conférence de presse, Alioune Tine a demandé au président de la Commission électorale nationale autonome (Cena) de les rejoindre sur la place, « pour que les candidats puissent faire normalement campagne. » Depuis juillet 2011, toute manifestation est interdite dans cette partie du centre-ville. Mais pour le M23, cette mesure ne devrait pas être appliquée en pleine période électorale, alors que la campagne pour la présidentielle a été lancée le 5 février.

Mercredi, une marche du M23 rassemblant quelques centaines de personnes sur la place de l’Indépendance, à proximité du palais présidentiel, avait déjà été dispersée par la police à coups de grenades lacrymogènes, la manifestation ayant été interdite par les autorités.

"Défendre les lois de la république"

Alioune Tine a condamné ce « déploiement exceptionnel des forces de sécurité qui ont gazé des candidats » de l’opposition. Et d’indiquer que la manifestation était pacifique, mais que « la réponse du pouvoir a été totalement irrationnelle et dictée par la peur ». La police « est là pour défendre les lois de la république, et non pour être instrumentalisée au service du régime », a-t-il également rappelé.

« Nous avons atteint notre objectif qui était d’aller manifester sur la place de l’Indépendance », a assuré Alioune Tine, alors que seuls quelques centaines de personnes avaient répondu à l’appel du M23. Par ailleurs, le coordinateur du mouvement a admis que des contacts avaient été pris avec le gouvernement : « des médiateurs viennent nous voir pour nous demander de discuter avec le gouvernement », a-t-il indiqué à l’AFP, précisant que pour le moment, rien de concret n’avait été décidé. « Nous ne sommes pas fermés à la négociation, mais celle-ci doit être sérieuse et déboucher sur du concret, à savoir le retrait de la candidature de Wade ».

(Avec AFP)

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