Arabie Saoudite : la peine de mort pour avoir twitté ?

Le journaliste saoudien Hamza Kashgari pourrait payer très cher de s’être adressé directement au Prophète sur Twitter. Jugés blasphématoires, ses tweets du 4 février 2012 ont déclenché l’ire de milliers de musulmans, le contraignant à fuir son pays. Arrêté en Malaisie, le jeune homme de 23 ans a été extradé à Riyad où il risque aujourd’hui la peine capitale.

Hamza Kashgari risque la peine de mort pour apostasie. © DR

Hamza Kashgari risque la peine de mort pour apostasie. © DR

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Publié le 15 février 2012 Lecture : 2 minutes.

Il s’était enfui pour échapper à la mort. Mais elle semble l’avoir rattrapé. Hamza Kashgari est en passe d’être jugé en Arabie Saoudite pour des propos jugés blasphématoires à l’encontre du prophète Mahomet publiés sur Twitter. Son crime, selon le comité saoudien des fatwas, plus connecté qu’il n’y paraît : l’apostasie. Pour avoir « renier sa foi publiquement », le jeune homme de 23 ans encourt la peine de mort.

"Le peuple saoudien réclame l’exécution de Hamza Kashgari"

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20px;" alt="" src="https://www.jeuneafrique.com/photos/015022012163509000000tweet-blaspheme-arabie-saoudite.JPG" />Le 4 février, jour anniversaire de la naissance du prophète, Hamza Kashgari, qui travaille pour un quotidien local de Jeddah, publie sur Twitter un message adressé à Mahomet. « Au jour de ton anniversaire, je ne m’inclinerai pas devant toi », écrit-il, expliquant : « J’ai aimé certaines choses en toi mais j’en ai abhorré d’autres, et je n’ai pas compris beaucoup de choses à ton sujet. » Il ajoute : « J’ai aimé le rebelle en toi », mais « Je n’aime pas l’aura de divinité autour de toi. Je ne ferai pas de prières pour toi. Je te serrerai la main en égal… Je te parlerai comme à un ami, pas plus. »

Les publications du jeune homme font aussitôt scandale sur la Toile. Plus de 30 000 personnes répondent à sa publication sur Twitter. Un groupe Facebook est même créé et rassemble jusqu’à plus de 20 000 membres. Son nom : « Le peuple saoudien réclame l’exécution de Hamza Kashgari ».

Dépassé par les répercussions de ses publications, Hamza Kashgari se repend alors, le lendemain, une nouvelle fois sur Twitter : « J’ai péché et j’espère que Dieu me pardonnera et que tous ceux qui se sont sentis offensés me pardonneront ». Mais, si « Dieu pardonnera » peut-être, certains internautes continuent de leur côté à menacer le jeune Saoudien. La polémique enfle et il finit par prendre la fuite, tentant de rejoindre la Nouvelle-Zélande. Il sera finalement arrêté dimanche, lors d’un transit, à Kuala Lumpur, grâce à un mandat d’arrêt international lancé par Interpol, qui a démenti l’information.

Tweeter et mourir ?

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Malgré les pressions internationales, notamment d’Amnesty International et Human Rights Watch, la Malaisie, qui n’est pas liée à Riad par un traité d’extradition mais entretient des rapports cordiaux avec elle, a donc pris la décision de livrer son prisonnier à la justice saoudienne. L’exposant du même coup à la peine de mort.

Ainsi, malgré les regrets de l’Union européenne qui espère trouver une « issue positive » à cette affaire, une question se pose désormais : est-il possible de mourir pour quelques tweets ? La réponse viendra prochainement – la date du procès n’est pas encore fixée – de la justice saoudienne.

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