Congo : Saint-Valentin agitée pour les collectionneurs de conquêtes
La Saint-Valentin fête des amoureux ? Quid des cumulards et cumulardes qui conjuguent l’amour au pluriel ? À Brazzaville, les « serial lovers » appréhendent le 14 février en raison des dépenses pour leurs dulcinées. Mais certaines femmes, elles, se réjouissent à l’idée de doubler, voire de tripler la mise…
Si Cupidon est nu, il faut quand même qu’il se remplisse un peu les poches à la Saint-Valentin, journée de grosse démonstration affective pour les couples. Mais le 14 février est une réelle gageure pour celles et ceux qui gèrent plusieurs relations en même temps. Bien que la polygamie soit légale au Congo, l’usage est de revendiquer sa monogamie. Ce qui signifie, pour certains hommes, entretenir plusieurs « bureaux » (maîtresses). Et, pour certaines femmes, avoir plusieurs amants.
« Officiellement, on dit qu’on a une femme, mais dans la plupart des cas, on a toujours une ou deux roues de secours au cas où… Si on en a marre de manger le même plat ! » explique sans détour Christian, taximan.
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Les 3 "C" : le chic, le choc et le chèque
Pour les femmes, c’est semble-t-il légèrement plus compliqué. Il s’agit en général de garantir ce qu’on appelle communément à Brazzaville « les trois C » : le chic, le choc et le chèque. « J’aime Étienne, il est beau et élégant, mais n’a malheureusement pas assez de moyens ; Sylvain lui est très bon au lit ; et le vieux Bernard est un homme influent, qui a beaucoup d’argent… Puisqu’il m’est impossible d’avoir tout ça en un seul homme, je jongle avec les trois », raconte Mhélène, étudiante en droit.
Presque impossible de passer une Saint-Valentin tranquille quand on a le cœur en colocation…
Comment passer une Saint-Valentin tranquille quand on a le cœur en colocation ? C’est presque impossible… Car quand il s’agit de satisfaire tout le monde le même jour, les subterfuges sont obligatoires. « Je reste indisponible toute la journée, mon téléphone reste éteint ; comme ça, ça m’évite des problèmes », raconte Freddy, musicien. « Si tu as deux femmes, tu jongles avec les deux. Tu passes la mi-journée avec l’une, et l’autre prend le relai après», ajoute Sylver, militaire.
Honneur à la "titulaire"
De nombreux hommes établissent cependant une hiérarchie amoureuse. Toutes leurs femmes ne sont pas logées à la même enseigne. « On ne peut pas aimer autant plusieurs femmes », témoigne Éric, commerçant. « Il y en toujours une que l’on préfère ». Pour la plupart de ces hommes, il n’est donc pas nécessaire de tergiverser : l’honneur revient à la femme ou à la copine légitime, surnommée « la titulaire ».
« Ma Saint-valentin, c’est avec la titulaire que je la passe. Mes autres copines, c’est du dépannage de temps en temps », explique Auxence, enseignant. Et que deviennent les remplaçantes ? « On sait d’avance que ce n’est pas sérieux, et on se doute bien qu’elles ont d’autres hommes » poursuit-il. « Mais il faut parfois faire un petit geste symbolique, un cadeau juste pour faire plaisir », concède-t-il.
Traditionnellement, au Congo, ce sont les femmes qui offrent des cadeaux aux hommes à la Saint-Valentin. Mais en général, les cadeaux se font dans les deux sens. Et c’est parfois la course à celui qui offrira le présent le plus beau et le plus coûteux. La règle est simple : plus on aime, moins on regarde à la dépense ; et plus on a de conquêtes, plus on fait – et reçoit – de cadeaux.
Si le vieux me promet un beau cadeau, je suis obligée de planifier. C’est parfois risqué !
Mhélène, Étudiante en droit
Les sirènes des "preuves d’amour"
Des Soirées VIP en boîte de nuit à 100 000 F CFA l’entrée (150 euros, soit l’équivalent d’un mois de salaire), aux bouquets de fleurs, en passant par les parfums, vêtements, etc. Difficile pour certaines femmes de résister aux sirènes des « preuves d’amour ». Aussi n’hésitent-elles pas à cumuler. « Si je suis beaucoup sollicitée pour la Saint-Valentin, je trouve toujours un prétexte pour n’être disponible que pour la personne que j’aime. Mais si le vieux me promet un beau cadeau, je suis obligée de planifier ; c’est parfois risqué ! » explique Mhélène.
Conséquence : beaucoup de couples se déchirent aussi à l’occasion de la Saint-Valentin . « En 2003, j’avais prévu un dîner romantique avec ma copine et lui avais préparé un cadeau (une rose et des sandalettes), témoigne Justin. Elle est passée en fin d’après-midi, le temps de prendre les sandales, de me sermonner à cause du prix de la rose qu’elle trouvait stupidement élevé, et de m’annoncer que sa tante était malade. Je ne l’ai revue que vers 20 heures, dans les bras d’un autre… J’ai gardé la rose. Mais depuis, je ne fête plus la Saint-Valentin », dit-il. Entre cupidité et concupiscence, Cupidon a parfois bien du mal à s’y retrouver…
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Par Ifrikia Kengué, à Brazzaville
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