Guinée : Tiégboro Camara inculpé pour son rôle présumé dans les massacres du 28 septembre 2009

Le 1er février, la justice guinéenne a inculpé le lieutenant-colonel Moussa Tiégboro Camara, directeur de l’Agence nationale chargée de la lutte contre le trafic de drogue, la criminalité organisée et le terrorisme en Guinée. Motif : sa responsabilité présumée dans les massacres du 28 septembre 2009 au stade de Conakry.

Tiégboro Camara est l’un des trois principaux suspects pour les massacres du 28 septembre 2009. © Capture d’écran de TV5 Monde

Tiégboro Camara est l’un des trois principaux suspects pour les massacres du 28 septembre 2009. © Capture d’écran de TV5 Monde

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Publié le 9 février 2012 Lecture : 2 minutes.

L’information n’a été donnée qu’une semaine après les faits, ce mercredi 8 février, par la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH). « L’inculpation de Tiegboro Camara, qui avait été mis en cause par le rapport de la commission d’enquête internationale des Nations unies comme étant l’un des principaux responsables des graves violations des droits de l’homme perpétrées au stade [de Conakry, NDLR], le 28 septembre et dans les jours qui ont suivi est un signal positif adressé aux victimes de ces crimes qui attendent que justice leur soit rendue », a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.

L’ONG et neuf organisations locales dont l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen (OGDH), le Collectif des associations de victimes des événements du 28 septembre 2009 (Cave) et l’Association des femmes et filles victimes de violences (AFFV) se sont félicités de cette inculpation de la justice guinéenne, qui constitue pour eux « une avancée majeure ».

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Le 28 septembre 2009, au moins 157 personnes ont été tuées, des dizaines de femmes violées et victimes d’autres crimes sexuels (109 cas enregistrés), plus d’une centaine de personnes ont disparu et 1 253 ont été blessées. Au moment des faits, les victimes protestaient à l’appel de l’opposition et de la société civile contre la candidature potentielle du capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) qui avait pris le pouvoir un an plus tôt, après la mort du général Lansana Conté.

Trois personnalités visées

La commission d’enquête internationale de l’ONU avait mis en cause trois personnalités du CNDD : le capitaine Moussa Dadis Camara, le lieutenant Aboubacar Toumba Diakité, aide de camp du premier, et Moussa Tiégboro Camara, alors ministre chargé de la Lutte contre la drogue et le grand banditisme. Parmi les principaux suspects, Tiégboro est donc la première personnalité de haut rang à être inculpé. Dadis, qui vit à Ouagadougou depuis une tentative d’assassinat manqué contre lui fin 2009, n’a pas encore été inquiété. De même que Toumba Diakité, l’auteur de l’attentat contre Dadis, qui, introuvable, est sous le coup d’un mandat d’arrêt en Guinée.

« Cette inculpation [de Camara, NDLR] est un pas important qui doit conduire à l’établissement de toutes les responsabilités et à la tenue d’un procès juste et équitable en Guinée, que tous les Guinéens appellent de leurs vœux », déclarent l’OGDH et les associations de victimes. Mais Tiégboro n’a pas été arrêté. En tout cas, pas encore.

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