Moines de Tibéhirine : les juges français demandent à l’Algérie d’identifier des témoins

Les juges français enquêtant sur la mort des moines de Tibéhirine cherchent à identifier des témoins et à se rendre en Algérie afin d’éclaircir certains éléments de l’enquête.

Les tombes des sept moines français aux abords du monastère de Tibehirine en Algérie. © AFP

Les tombes des sept moines français aux abords du monastère de Tibehirine en Algérie. © AFP

Publié le 2 février 2012 Lecture : 2 minutes.

Dans une commission rogatoire internationale (CRI), adressée aux autorités algériennes, les juges Marc Trévidic et Nathalie Proux précisent vouloir faire exhumer et autopsier les têtes des moines de Tibéhirine avec deux médecins légistes, un expert en empreintes génétiques et un photographe de l’identité judiciaire.

« Je me félicite de cette commission rogatoire internationale très complète, qui ne se limite pas à une autopsie mais également à la possibilité d’entendre des personnes liées à l’enlèvement ou la détention des moines », a déclaré l’avocat des proches des moines, Patrick Baudoin.

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Rencontre de témoins

Car les deux juges demandent également des informations sur 22 témoins cités par des repentis du Groupe islamique armé (GIA). Lors des auditions filmées en 2006 par les autorités algériennes et adressées à Jean-Louis Bruguière, premier magistrat chargé de l’enquête, un repenti, Redouane Kechniti, cite ainsi les noms d’un « groupe de geôliers » de Tala Es-Ser, où les moines auraient été détenus.

Un autre repenti déclare dans son audition qu’Abderrazak El Para, considéré un temps responsable du GIA, faisait partie du groupe ayant acheminé les moines jusqu’à proximité de Tala Es-Ser. Avec un certain Abou Loubaba, « ils auraient été en possession des passeports de certains des otages. » Présenté comme un proche de l’émir du GIA, Djamel Zitouni, El Para est soupçonné d’avoir été proche du contre-espionnage algérien.

Les juges demandent également à l’Algérie des informations sur l’identité de l’émissaire du GIA, venu le 30 avril 1996 avec un message de Djamel Zitouni, et une cassette audio contenant un message lu par les moines.

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Deux témoins français affirment qu’il s’agit d’un ancien chauffeur de l’Agence française de développement à Alger, Mustapha Abdallah, dont l’un des frères faisait parti du commando abattu à Marseille lors du détournement d’un Airbus d’Air France le 24 décembre 1994. Les juges demandent par ailleurs à l’Algérie des détails sur la découverte d’une cassette audio, contenant le compte-rendu de sa visite au consulat de France.

Ils sollicitent en outre des informations sur les tentatives d’assassinat  perpétrées à Medea, le jour de l’enlèvement des moines, sur deux personnes, dont le cheikh Hocine Slimani, qui avait dit avoir été sollicité par la communauté catholique Sant’Egedio pour tenter d’intervenir dans l’affaire.

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Bavure algérienne ?

Les 7 moines ont été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, dans leur monastère isolé de Medea. Le GIA de Djamel Zitouni avait revendiqué leur enlèvement et leur assassinat. Leurs têtes avait été retrouvées le 30 mai au bord d’une route de montagne, mais leur corps ne l’ont jamais été.

Après avoir suivi la thèse islamiste, l’enquête judiciaire s’est réorientée depuis 2009. Le témoignage d’un ancien attaché de défense à Alger laisse croire à une bavure de l’armée algérienne. « J’espère que les autorités algériennes vont donner rapidement une réponse favorable. Une réponse négative ne pourrait que jeter la suspicion sur une éventuelle implication de militaires ou des services algériens », a précisé l’avocat des proches des moines, Patrick Baudoin.

(Avec AFP)
 

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