Égypte : les Frères musulmans face aux révolutionnaires de la place Al-Tahrir
Des partisans des Frères musulmans ont empêché mardi 31 janvier plusieurs centaines de manifestants de parvenir au siège du Parlement au Caire. Un évènement qui vient rappeler les vives tensions qui opposent les islamistes égyptiens et les révolutionnaires de la place Al-Tahrir.
Des militants avaient appelé à une marche de la place Al-Tahrir jusqu’au siège du parlement égyptien, pour presser la nouvelle assemblée de réaliser les objectifs de la révolution. Mais alors que les manifestants commençaient leur marche en direction du Parlement, ils ont été bloqués par des jeunes militants de la confrérie des Frères musulmans.
« Nous nous tenons là comme des boucliers humains car si les manifestants vont plus loin, ils s’affronteront avec la police. Ils veulent entrer à l’Assemblée, que voulez-vous que je fasse » a déclaré un membre de la confrérie, Hamdy Abdel Samad.
Derrière lui, les manifestants scandaient des slogans contre le Conseil suprême des forces armées, qui dirige la transition du pays depuis le départ d’Hosni Moubarak. Selon eux, les militaires n’ont pas mis en œuvre les réformes exigées par le peuple : fin des jugements de civils par les tribunaux militaires, refonte du ministère de l’Intérieur et concrétisation de la justice sociale.
Des affrontements ont fini par éclater entre les deux partis, chacun accusant l’autre d’avoir ouvert les hostilités. Bilan officiel : 71 blessés. Après plusieurs heures les manifestants ont renoncé à leur projet et sont retournés manifester devant le siège de la télévision publique. « Badie, tu es en train de vendre la révolution » ont scandé les manifestants, en référence au guide suprême de la confrérie, Mohamed Badie. D’autres slogans ont été répétés par la foule, rapporte le quotidien anglophone The Daily news Egypt : « le peuple veut la chute de la confrérie », « Il y en a deux à qui on ne peut pas faire confiance…l’armée et la confrérie.»
Nouveaux chefs contestés
L’évènement est symptomatique de l’importante transformation vécue par le mouvement islamiste : après avoir été durant des décennies les ennemis des dirigeants autoritaires du pays, les Frères musulmans incarnent aujourd’hui le pouvoir. Un pouvoir que les jeunes activistes de la place Al-Tahrir accusent de s’être rangé du côté des militaires.
Le nouveau parlement a ainsi débattu sur l’envoi d’une note au Maréchal Hussein Tantaoui, à la tête du conseil suprême, pour le remercier de s’être rangé du côté du peuple lors de la révolution de Janvier. D’après le service d’information des autorités, la note, rédigée par le président de l’assemblée, Saad al-Katatni, a bel et bien été envoyée.
Le parti de la liberté et de la justice, organe politique émanant des Frères musulmans, ou le parti salafiste Al-Noor, ont également apporté leur soutien à la feuille de route mise en place par le Conseil suprême, qui prévoit une passation de pouvoir aux civils début juillet. De leur côté, les révolutionnaires continuent de s’y opposer et de réclamer un transfert de pouvoir immédiat à un conseil présidentiel élu.
L’armée qui a promis de céder la place une fois un président démocratiquement élu, est accusée de perpétrer la politique répressive de l’ancien régime et de chercher à préserver les privilèges de l’institution militaire. Dans un tel contexte d’opposition entre les nouveaux chefs et les révolutionnaires de la première heure, la commémoration du premier anniversaire de la révolte anti-Moubarak lancée le 25 janvier 2011 s’est accompagnée d’une poussée de contestation contre le pouvoir militaire.
(Avec AFP)
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