Fondation Shafallah : le Qatar mobilise le monde pour les handicapés de crise
Lors d’un forum organisé à Doha par la fondation Shafallah, sous le patronage de Son Altesse Cheikha Mozah, épouse de l’émir du Qatar, des dizaines d’acteurs politiques et associatifs du monde entier se sont penchés sur la douloureuse question des handicapés de crise.
Hyperactif sur tous les fronts, le Qatar cultive à l’échelle mondiale sa vocation humanitaire. Du 22 au 24 janvier, dans la périphérie désertique de Doha, le palais-clinique de la fondation Shafallah a accueilli son 5e forum sur le thème « Handicapés de crise et de conflits : garantir l’égalité ». Sous le patronage de Son Altesse Cheikha Mozah, épouse de l’émir, et sous les regards des grands médias internationaux, témoins, organisations intergouvernementales, ONG, associatifs, médecins et personnalités, dont six premières dames et un premier monsieur ont échangé leurs points de vue sur les problèmes trop souvent négligés du handicap, qui touchent aujourd’hui plus d’un milliard d’individus, dont 80% vivent dans la pauvreté. Parmi eux, 6,5 millions de déplacés ou de réfugiés de crise et de guerre.
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Son Altesse Cheikha Mozah
(© Laurent de Saint Périer pour J.A.)
Hassan Ali Ibn Ali, Président du Centre Shafallah, a annoncé en ouverture du forum le lancement de l’ONG One Billion Strong qui agira pour le soutien et la promotion des objectifs fixés par la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées. Bien que 109 États y soient parties, « peu d’entre eux disposent des ressources financières et de l’expertise pour mettre en œuvre ses dispositions : accès aux soins de santé, à l’éducation, à l’emploi et à tous les autres droits fondamentaux. (…) C’est le devoir des médias d’éduquer l’opinion publique, comme ils ont su le faire pour l’Apartheid, la lutte pour les droits civiques aux États-Unis et celle contre le Sida », a souligné Ibn Ali.
Des crises qui tuent… longtemps après
Et l’année 2011 a été hélas riche de ces crises et conflits très médiatisés qui ont laissé derrière eux, dans l’ombre, des hommes, des femmes et des enfants blessés qui ne retrouveront jamais toutes leurs capacités physiques ou psychologiques : tsunami au Japon, afflux de réfugiés ougandais et somaliens au Kenya, conflit en Côte d’Ivoire, au Soudan, inondations aux Philippines, révolutions arabes, guerres civiles en Libye et en Syrie… Sans compter les victimes des crises passées dont les corps et les esprits restent irrémédiablement marqués, du Sri Lanka à la Palestine, d’Haïti au Libéria. Enfin, avec leurs milliers de mines, de bombes à fragmentation et de munitions dispersées au hasard des batailles, les anciens conflits continuent de frapper aveuglément les populations civiles.
Pour nombre d’intervenants, un des handicaps les plus lourds subis par ces populations démunies est souvent le regard porté par l’autre, parfois par leur propre entourage : « dans notre pays, les handicaps sont ressentis comme une malédiction et traités comme des tabous ; seule l’éducation viendra à bout de ces préjugés », témoigne Ida Odinga, l’épouse du Premier ministre kényan. Un constat également dressé par Ibn Ali, le président de Shafallah : « Lorsque nous avons créé le centre, les familles avaient honte et n’osaient pas y amener leurs enfants. Mais au bout de quelques années, ils ont fini par en saisir les bienfaits. » De fait, le Centre Shafallah est devenu un modèle régional pour la prise en charge des personnes et en particulier des enfants handicapés, mais aussi pour la recherche génétique et la sensibilisation des familles des malades.
Pouvoir d’influence
Si la conférence a parfois pris des airs de gala de charité philanthropiques avec ses nombreuses personnalités et ses repas servis par les traiteurs du Four Seasons, et si beaucoup de discours et de présentations avaient trop souvent les mêmes accents compassionnels, l’évènement a eu le grand mérite de rappeler à l’attention internationale que « lors de conflits et de désastres, ce sont des handicapés dont on se préoccupe le moins », dit Valérie Amos, sous-secrétaire générale des Nations unies pour les Affaires humanitaires. Et les rencontres organisées n’ont laissé personne indifférent, à commencer par les nombreuses premières dames invitées, qui, si elles n’ont que peu de pouvoir officiel, jouissent dans leurs sociétés d’une influence considérable. Prenant conscience de l’ampleur de la tâche, la première dame ghanéenne, Ernestina Naadu Mills, s’est ainsi interrogée à l’issue d’une table ronde : « Par où vais-je pouvoir bien commencer en rentrant dans mon pays ? »
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Par Laurent de Saint Périer, envoyé spécial à Doha
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