Présidentielle au Sénégal : un sortant, quatre outsiders et neuf seconds rôles

La liste des candidats à la présidentielle du 26 février au Sénégal est désormais connue. Youssou Ndour n’y figurant pas, et l’opposition n’ayant pas réussi à s’entendre sur une candidature unique pour affronter le chef de l’État sortant Abdoulaye Wade, celui-ci reste le favori sur le papier. Mais rien n’est joué.

Le président sortant Abdoulaye Wade affrontera quatre principaux challengers à la présidentielle. © Montage J.A./AFP/Serigne Diagne pour Wikipedia

Le président sortant Abdoulaye Wade affrontera quatre principaux challengers à la présidentielle. © Montage J.A./AFP/Serigne Diagne pour Wikipedia

Publié le 30 janvier 2012 Lecture : 3 minutes.

Le Conseil constitutionnel a confirmé dans la nuit de dimanche à lundi la liste des candidats à l’élection présidentielle du 26 février qu’il avait publiée vendredi. Plusieurs candidats avaient déposé des recours samedi, parmi lesquels le chanteur Youssou Ndour, dont la candidature avait été invalidée, mais aucun n’a été retenu. La liste définitive comporte quatorze noms : douze hommes et deux femmes. On y trouve un président en exercice, quatre outsiders dont trois anciens Premiers ministres, et des seconds rôles plus ou moins aguerris aux joutes politiques. Revue de détail.

Les favoris

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Malgré une impopularité croissante, le président sortant, Abdoulaye Wade, est toujours considéré comme le favori. Parce qu’il présente un bon bilan, disent ses partisans. Parce qu’il a verrouillé le scrutin de manière à être sûr de l’emporter, accusent ses opposants. Il faut dire que les campagnes électorales, il connaît : à 85 ans, le candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS) et de la coalition « Fal 2012 » en a déjà connu six. Après quatre défaites (1978, 1983, 1988, 1993), il avait fini par l’emporter en 2000 et avait été reconduit dès le premier tour en 2007, à l’issue d’un scrutin contesté. Cette fois, il aura face à lui trois de ses anciens Premiers ministres.

Moustapha Niasse (72 ans) ne le fut pas longtemps (2000-2001). Cet ancien ténor socialiste avait claqué la porte du parti en 1999, pour fonder l’Alliance des forces du progrès (AFP). Battu au premier tour en 2000 (16,8%), il avait appelé à voter pour Wade au second tour. Mais leur collaboration a fait long feu (à peine quelques mois). Depuis dix ans, Niasse est l’un de ses adversaires les plus tenaces (en 2007, il avait recueilli 5,93%). Il se présente sous la bannière de la coalition d’opposition Benno Siggil Senegaal.

Idrissa Seck (52 ans) et Macky Sall (50 ans), deux autres anciens Premiers ministres – et deux anciens dauphins de Wade passés à l’opposition après leur disgrâce -, ont une chance de l’emporter. Le premier était déjà candidat en 2007 (2ème avec 14,92% des voix). Il se présente sous la bannière de la coalition « Idy 4 Président ». Le second, soutenu par la coalition « Macky 2012 », se lance pour la première fois, après avoir été le directeur de campagne de Wade en 2007. Ousmane Tanor Dieng (65 ans), le secrétaire général du Parti socialiste, le parti le mieux ancré dans le pays avec le PDS, participera quant à lui à sa deuxième élection. En 2007, l’ancien bras droit d’Abdou Diouf avait recueilli 13,56% des suffrages.

Les seconds couteaux

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Des candidats moins cotés auront un rôle à jouer dans la perspective d’un éventuel second tour. Cheikh Tidiane Gadio (coalition « Gadio président », 55 ans), qui fut pendant neuf ans le ministre des Affaires étrangères de Wade avant de claquer la porte, est l’un de ses opposants les plus acharnés. Proche de Macky Sall, il jouit d’une certaine influence à l’étranger. Cheikh Bamba Dièye (46 ans) compte lui aussi jouer un rôle, malgré son piètre score de 2007 (0,50%). Depuis, le candidat du Front pour le socialisme et la démocratie / Benno jubël, a gagné la mairie de Saint-Louis et s’est illustré par plusieurs actions spectaculaires pour dénoncer le régime actuel. Le juriste Ibrahim Fall (coalition « Taxaw Temm ak Ibrahima Fall », 70 ans), plusieurs fois ministre sous l’ère Abdou Diouf, a fait une campagne offensive, notamment sur le web, pour se faire connaître des Sénégalais qui l’avaient oublié depuis qu’il travaillait dans les institutions internationales.

Les figurants

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Eux n’ont que peu de chances de peser sur le scrutin. Hormis le juriste Doudou Ndoye (67 ans, Union pour la République), un des membres fondateurs du PDS qui fut ministre sous Diouf, et qui avait recueilli 0,29% en 2007, aucun n’a d’expérience en la matière. Il y a là Mor Dieng (53 ans, Parti de l’espoir), un ancien collaborateur de Niasse ; Djibril Ngom (59 ans, Taxawu Askan Wi), que personne n’attendait mais qui est bien connu des Sénégalais (il a dirigé le Port autonome de Dakar et les Industries chimiques du Sénégal) ; Oumar Hassimiou Dia (47 ans, Parti humaniste), un ancien militant socialiste.

Deux femmes se lancent également dans la bataille. Amsatou Sow Sidibé, 58 ans, candidate du Parti pour la démocratie et la citoyenneté, est une figure du monde universitaire. Elle fut la première Sénégalaise agrégée en droit et a fondé un des mouvements citoyens les plus médiatiques, Car Leneen. Elle est très critique envers Wade. Enfin – c’est la surprise du chef -, la styliste Diouma Diakhaté (64 ans) s’est lancée dans la bataille au dernier moment, sous la bannière du parti Initiative démocratique Jubël. Cette styliste reconnue sur le continent s’était toujours jusque là tenue éloignée de la politique.

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Par Rémi Carayol, à Dakar

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