Incendie du boulevard Auriol à Paris : jugement frustrant pour les familles des victimes

En 2005, 17 personnes dont 14 enfants étaient morts dans l’incendie criminel d’un immeuble insalubre de Paris, où vivaient essentiellement des personnes en attente de relogement et originaires de Côte d’Ivoire et du Mali. Le procès a abouti à la condamnation d’une association et d’une société. L’État et l’auteur de l’incendie n’ont jamais été inquiétés.

Des familles des victimes au procès, le 19 janvier à Paris. © AFP

Des familles des victimes au procès, le 19 janvier à Paris. © AFP

Publié le 20 janvier 2012 Lecture : 2 minutes.

Dans une petite salle du tribunal correctionnel de Paris, ce 19 janvier, les familles des victimes de l’incendie du boulevard Auriol sont sans voix. Le verdict, inférieur aux réquisitions du procureur, n’a pas été à la hauteur de leurs souffrances. Seules une association et une entreprise en bâtiment ont été condamnées à 60 000 euros d’amende et 700 000 euros de dommages et intérêts pour l’incendie criminel d’un immeuble insalubre, en août 2005, dans le 13e arrondissement parisien.

Le drame avait fait 17 morts, dont 14 enfants âgés de 2 à 13 ans. Cent-trente personnes, essentiellement originaires de Côte d’Ivoire et du Mali, vivaient là en attente de relogement depuis plus de quinze ans. Les familles déplorent que les « vrais coupables » aient échappé à la justice. Leur porte-parole, Tappa Kanouté, a dénoncé un « jugement de complaisance » et une « enquête bâclée. »

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Selon les experts, le sinistre est d’origine criminelle. Mais l’incendiaire n’a jamais été identifié par la police. L’enquête, exposée lors du procès qui s’est tenu en septembre et octobre, avait révélé que le bâtiment n’était pas conforme aux normes anti-incendie, ne disposant ni d’extincteurs, ni d’évacuations de secours. De plus, les murs de la cage d’escalier étaient recouverts de contreplaqué hautement inflammable. Ils avaient été installés car les cloisons, contenant du plomb, menaçaient les enfants de saturnisme.

Obligation de relogement

L’État, qui a failli à son obligation de reloger les familles, n’a jamais été poursuivi. Seules deux personnes morales l’ont été : Freha (France Euro Habitat), l’association affiliée à Emmaüs qui gérait l’immeuble incendié et l’entreprise PBC (Paris Banlieue Construction) qui y avait effectué des travaux non conformes. Elles devront en outre rembourser quelque 2 millions d’euros à la Sécurité Sociale et au Fonds de garantie, qui indemnise les victimes d’infractions.

Freha a fait ce qu’elle a pu « avec les moyens que lui avait donnés l’État », a réagi Jacques Oudot, le représentant de l’association au procès, « on nous a laissés tomber. » Pour l’un des avocats des familles, Maître Olivier Tiquant, « l’argument humanitaire » avancé par Freha n’a pas convaincu la justice. C’est un « permis de tuer » donné aux propriétaires peu scrupuleux a dénoncé Tappa Kanouté. En 2005, 52 personnes, pour la plupart d’origine africaine, ont péri dans une série d’incendies survenues à Paris.

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