Soudan – Soudan du Sud : la discorde pétrolière peut-elle dégénérer ?
Depuis la scission du pays, le Soudan est privé de 75% de ses anciens revenus pétroliers. Une restriction qui exacerbe les tensions avec le sud. Se dirige-t-on vers une guerre entre les deux pays ? Éléments de réponse avec Roland Marchal, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales (Ceri) de Paris, et spécialiste du Soudan.
Alors que Juba est dépendant du nord pour évacuer ses 350 000 barils de production par jour, il ne daigne payer que 0,7 $ par baril pour le transit, contre 36 $ réclamé par Karthoum. Les deux gouvernements se rencontrent à Addis Abeba du 17 au 23 janvier, sous la médiation de l‘Union africaine, pour trouver un nouveau compromis. Cette discorde peut-elle dégénérer ? Le Soudan va-t-il survivre à cette période de transition ?
Jeune Afrique : Le Soudan est-il en faillite?
Roland Marchal (en photo ci-contre, © D.R.) : Non. Il traverse des difficultés financières mais il n’est pas au bord du gouffre. Ce qui est sûr, c’est que le pays doit changer de politique. Mais il reste attractif pour les investisseurs internationaux, possède encore beaucoup de richesses, dont du pétrole. Il y a évidemment un problème de transition, et les choses pourraient aller mieux.
Le conflit sur les droits pétroliers pourrait-il dégénérer ?
Nous assistons plutôt à des arguments politiques et géopolitiques. Si les deux gouvernements ne se comportent pas bien, cela pourrait conduire à des affrontements à la frontière, ce qui a déjà eu lieu. Mais je ne crois pas qu’une guerre ouverte puisse éclater.
Les entreprises pétrolières chinoises actives dans le pays sont sollicitées lors de ces négociations. Quel rôle peuvent-elles jouer ?
La diplomatie chinoise s’est déjà mobilisée et les firmes apportent leurs expertises en complément de celles des deux États qui ne sont pas très bonnes. Ces derniers pourraient en outre demander aux compagnies des efforts supplémentaires.
L’administration sud-soudanaise est-elle opérationnelle ?
Pas encore, mais à l’impossible personne n’est tenu. Le pays est à construire entièrement. La corruption est colossale, le gouvernement est indifférent au sort des populations, les structures régionales sont parcellaires. Le parti au pouvoir déploie l’essentiel de son énergie pour régler le problème des revenus pétroliers. Mais il faut mesurer l’ampleur de la tâche : il est impossible d’espérer de bons résultats rapidement.
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Propos recueillis par Michael Pauron
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