Tunisie : intervention étrangère en Syrie, un « suicide » selon Moncef Marzouki

Dans une interview accordée au quotidien algérien El-Khabar, le président tunisien Moncef Marzouki s’est opposé à toute intervention armée étrangère en Syrie, jugeant qu’elle pourrait être à l’origine d’une explosion de tout le Moyen-Orient.

Moncef Marzouki a demandé une nouvelle fois l’extradition de Zine el Abidine Ben Ali. © AFP

Moncef Marzouki a demandé une nouvelle fois l’extradition de Zine el Abidine Ben Ali. © AFP

Publié le 16 janvier 2012 Lecture : 2 minutes.

Un « suicide ». C’est ainsi que le président tunisien Moncef Marzouki a qualifié l’intervention éventuelle de troupes étrangères en Syrie, pour mettre fin à la répression des manifestants opérée par le régime de Bachar al-Assad. Interrogé par le quotidien algérien El-Khabar pour son édition du dimanche 15 janvier, le chef d’État tunisien a déclaré qu’une telle intervention « signifierait que la guerre va s’étendre à toute la région, ce qui ouvre la voie à toutes les puissances, à l’instar de la Turquie, d’Israël, de l’Iran et du Hezbollah ». « Cela voudrait dire toute la région va exploser », a-t-il prévenu.

Le président tunisien s’est exprimé en réponse aux propos de l’émir du Qatar samedi. Ce dernier s’est dit favorable à l’envoi de troupes arabes en Syrie, qui permettrait selon lui de mettre un terme à la tuerie des manifestants. C’est la première fois qu’un chef d’État arabe a pris de telles positions sur ce pays, secoué depuis des mois par une révolte populaire réprimée dans le sang.

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Si l’ONU a dénombré jusqu’à présent, la mort de 5000 personnes en Syrie, Moncef Marzouki ne juge pas la situation aussi « alarmante » qu’en Libye, pays pour lequel la Tunisie avait accepté l’idée d’une intervention étrangère. « Nous n’avons accepté l’intervention étrangère que quand la situation a atteint des proportions alarmantes. Nous l’avons acceptée mais sans conviction », a-t-il déclaré.

« La situation en Syrie m’inquiète énormément, du fait que la révolution commence à prendre un caractère confessionnel, d’où le grand danger », s’est expliqué le président tunisien, dont le pays a fêté le premier anniversaire de sa révolution samedi. « Dans le cas où les divergences et les oppositions interconfessionnelles persistent, la révolution va échouer, dans ce cas là, ça serait un drame », a-t-il poursuivi.

"L’islam n’admet pas d’accueillir les tyrans"

Outre la situation syrienne, le président a évoqué lors de cette même interview, les relations entre la Tunisie et son voisin algérien. « Elles sont fraternelles depuis de longues années », a-t-il résumé, annonçant sa visite pour le mois de février à Alger. Moncef Marzouki pourra, à cette occasion, défendre une fois de plus son projet de « Maghreb arabe » auquel il est attaché.

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« Les zones frontalières entre les deux pays sont les plus pauvres. Ces zones peuvent constituer une occasion pour une coopération réelle », a-t-il expliqué.

Le chef d’État en a également profité pour réaffirmer les très bonnes relations de la Tunisie avec l’Arabie Saoudite. Un point d’ombre cependant : l’extradition du dictateur déchu Zine el Abidine Ben Ali, réclamée par la Tunisie mais refusée par Riyad. L’ancien président tunisien est en effet réfugié dans ce riche pays depuis sa chute, le 14 janvier 2011.

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« Nous espérons que les frères à Riyad comprendront que notre demande de nous remettre Ben Ali est un droit légitime du peuple tunisien, puisque l’islam n’admet pas d’accueillir les tyrans qui ont combattu la religion et fait couler le sang des musulmans », a conclu Moncef Marzouki.

(Avec AFP)
 

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