Le Nigeria dans l’attente de nouvelles négociations
Le Nigeria était dimanche dans l’attente d’une possible reprise des négociations après l’échec d’une rencontre la veille sur le prix du carburant à l’origine de la grève générale qui paralyse depuis une semaine le pays le plus peuplé et premier producteur d’Afrique de brut.
Gouvernement et syndicats n’ont pas réussi à trouver un accord sur le prix des carburants, dont la brutale hausse au 1er janvier a provoqué grèves et manifestations dans un pays déjà en proie à la violence inter-confessionnelle.
Mais les syndicats n’ont pas claqué la porte et la principale centrale du secteur pétrolier, clé de l’économie nationale, n’a pas mis à exécution sa menace de fermer les puits dès samedi minuit en cas d’échec des pourparlers.
"La réunion n’est pas dans une impasse"
Son porte-parole a dit espèrer une reprise des discussions dimanche mais aucune confirmation n’était intervenue en milieu de journée.
"La réunion n’est pas dans une impasse, mais nous ne sommes pas parvenus à un compromis", a déclaré à Abuja Abdulwahed Omar, président de la puissante centrale Nigeria Labour Congress (NLC), à l’issue des négociations, tard samedi soir.
Il a brandi la menace d’une reprise lundi de la grève générale – entamée le 9 janvier et suspendue durant le week-end pour permettre les négociations – faute d’accord d’ici là.
Le principal syndicat des employés du pétrole, le PENGASSAN, avait menacé de son côté d’interrompre la production à partir de samedi 2300 GMT si aucun accord n’était trouvé.
Mais, interrogé pour savoir si les plate-formes allaient commencer à être fermées, M. Omar a répondu: "Non, nous abordons ce problème de façon graduelle. Nous donnons toujours une chance à la paix".
Le gouvernement pointé du doigt
Un porte-parole du PENGASSAN a déclaré à l’AFP que les plate-formes pétrolières ne seraient fermées qu’en cas d’échec total des négociations. La production d’hydrocarbures représente 90% des exportations du Nigeria.
Dimanche, les syndicats ont rejeté sur le gouvernement la responsabilité de l’échec des négociations.
Elles "ont été bloquées par des divergences sur la méthode à employer pour trouver une solution à la crise", ont déclaré le NLC et l’autre grande centrale, le Trade Union Congress (TUC), dans un communiqué commun.
"Nous avons promis qu’une fois annoncée la suspension de l’augmentation des prix, les syndicats et leurs alliés suspendront immédiatement les grèves, rassemblements et manifestations", indique le communiqué syndical.
Mais, ajoute-t-il, "le mouvement syndical promet que si le gouvernement nous invite à des pourparlers, nous répondrons présents".
Le président Goodluck Jonathan a décidé de ne plus subventionner les carburants pour financer la modernisation des infrastructures du pays. Mais le doublement du prix de l’essence frappe la population tant pour les transports que pour la production d’électricité.
Les Nigerians ont pu faire leur marché
La suspension de la grève a permis aux Nigérians de sortir faire leurs courses ce weekend après une semaine de mobilisation.
"Je suis venue ici aujourd’hui car j’ai faim (…) Mes enfants ont beaucoup souffert durant la grève générale", explique sur le marché Abiola Ayansanya, une Nigériane de 58 ans, mère de trois enfants.
Depuis lundi dernier, des dizaines de milliers de Nigérians ont cessé le travail et manifesté. Des heurts avec la police ont fait une quinzaine de morts et le mouvement social a aussi donné lieu à de nouvelles violences entre chrétiens et musulmans, notamment des attaques de mosquées à Benin City (sud).
Le conflit interconfessionnel connaît un regain d’acuité depuis Noël et des attentats revendiqués par la secte islamiste Boko Haram à la sortie de messes de la nativité, avec au moins 140 morts.
Quatre personnes ont été tuées vendredi soir dans des attaques distinctes de deux bars par des hommes armés. Un policier a aussi été blessé.
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