Maroc : à Marrakech, l’Afrique se bat contre le cancer
Professionnels de santé, ONG, scientifiques et politiques sont au Maroc, à Marrakech, pour lutter contre un fléau qui fait déjà plus de 500 000 morts chaque année sur le continent.
La princesse Lalla Salma, épouse du roi du Maroc Mohammed VI, a été entendue. À son appel, quatre premières dames africaines, dix ministres de la Santé et plus de 200 scientifiques et professionnels de la santé se réunissent du 12 au 15 janvier à Marrakech, pour la première conférence contre le cancer en Afrique et au Moyen-Orient. « L’objectif de cette rencontre est à la fois politique et scientifique », confie à Jeune Afrique le pédiatre Rachid Bekkali, directeur de l’Association Lalla Salma, créée par la princesse en 2005 pour lutter contre la maladie.
« Sur le plan médical, nous avons organisé une série d’échanges avec les meilleurs spécialistes du cancer du col de l’utérus, qui frappe particulièrement les femmes africaines. Au niveau politique, nous ciblons le renforcement de la coopération contre le cancer à l’intérieur du continent, pour améliorer les pratiques et trouver les moyens financiers correspondants », ajoute le docteur marocain.
Deux princesses et quatre premières dames engagées
Quatre épouses de présidents africains, Djené Kaba Condé (Guinée), Sylvia Bongo Ondimba (Gabon), Aïssata Issoufou (Niger) et Constancia Mangue Obiang (Guinée-equatoriale), ainsi que la princesse Ghida de Jordanie ont fait le déplacement à Marrakech à l’appel de Lalla Salma. Chacune d’entre-elle a indiqué sa volonté à lutter contre le cancer à travers les programmes de sa propre fondation ou association.
Dans son discours inaugural de la conférence, Lalla Salma a proposé la création d’un fonds régional puis international pour le traitement et la prévention du cancer, à l’instar de ce qui a été fait en matière de lutte contre le SIDA. La princesse a annoncé l’installation d’une école africaine d’oncologie à Marrakech, ainsi que la signature de trois partenariats entre son association et des institutions contre le cancer au Mali, en Mauritanie, au Niger et en Jordanie.
Urgence
Pour les épidémiologistes, il y a urgence : sur le continent africain, le cancer touche chaque année 700 000 nouvelles personnes et en tue 512 000. Un chiffre déjà effrayant. Mais en 2030, on s’attend à1,2 millions de morts annuelles liées à cette « maladie silencieuse ». En cause, les évolutions de mode de vie, notamment alimentaires, mais aussi la prévalence d’autres maladies, comme les hépatites ou la bilharziose, qui renforcent les risques de cancer sur le continent.
« Cette mobilisation de décideurs des systèmes de santé lors de cette conférence de Marrakech, peut amorcer un changement en Afrique. La volonté des gouvernants est essentielle pour lancer des plans anticancer efficaces, qui concernent plusieurs ministères, vont du dépistage au diagnostic, en passant par l’hospitalisation, l’hébergement des proches, et l’accès aux traitements.», estime le Professeur Hassan Errihani, directeur du centre d’oncologie (dédié au traitement du cancer) de Rabat.
Pour le spécialiste, il n’y a pas de fatalité : « L’exemple du Maroc montre que la qualité de prise en charge et la sensibilisation des populations peuvent progresser de manière spectaculaire si l’on y met les moyens », estime celui qui a été le premier à installer un service d’oncologie au Maroc : « On est passé d’un accélérateur linéaire (équipement radiothérapique NDLR) en 1990 à 20 aujourd’hui. Il n’y avait qu’un seul oncologue dans le pays en 2004, aujourd’hui nous sommes trente, et une cinquantaine sont en formation », ajoute-t-il, louant l’Association Lalla Salma, qui a soutenu cette modernisation et aide financièrement à la prise en charge des malades les plus pauvres.
Dépasser les déclarations d’intention
Reste, qu’au sud du Sahara, la situation est autrement plus difficile. « Certains pays, comme le Mali, la Mauritanie et le Gabon, mettent en place des centres de santé oncologiques adaptés, c’est encourageant. Malheureusement, dans beaucoup d’autres pays d’Afrique subsaharienne, on reste dans les déclarations d’intentions », regrette le directeur régional d’un laboratoire pharmaceutique, pour qui le chemin est encore long.
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