RDC – Législatives : sous pression, la Ceni reporte l’annonce des résultats provisoires

La Ceni dirigée par le pasteur Ngoy Mulunda a reporté l’annonce des résultats complets provisoires des législatives en RDC. Le délai est d’environ une semaine.

Daniel Mulunda (c), le 9 décembre 2011 à Kinshasa. © Gwenn Dubourthoumieu/AFP

Daniel Mulunda (c), le 9 décembre 2011 à Kinshasa. © Gwenn Dubourthoumieu/AFP

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Publié le 12 janvier 2012 Lecture : 3 minutes.

Aucune date précise n’a été donnée pour l’annonce des résultats complets provisoires des élections législatives du 28 novembre en RDC. Une chose est sûre : la Ceni ne fera aucune annonce ce vendredi 13 février comme initialement prévu. Selon un rapporteur de la Ceni, Matthieu Mpita, la commission électorale continuera cependant à publier « au fur et à mesure » des résultats partiels du scrutin.

Seule précision : la Ceni évoque un délai d’environ « une semaine ». Les résultats provisoires de 107 des 169 circonscriptions sont déjà connus. Reste notamment ceux des quatre circonscriptions de Kinshasa, où près de 5 500 candidats se sont disputés 51 sièges.

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"Le courage de la vérité" : extraits du message de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco)

La Ceni doit avoir le courage de se remettre en question, de corriger impérativement les graves erreurs fustigées [lors du processus électoral, NDLR] qui ont entamé la confiance de la population en cette institution, sinon de démissionner. (…)

Il ressort de ce rapport [final de la mission d’observation des élections du 28 novembre dernier réalisé par la Cenco, NDLR] et des témoignages recueillis de divers diocèses et d’autres sources que le processus électoral s’est déroulé, à beaucoup d’endroits, dans un climat chaotique. (…)

L’on a noté plusieurs défaillances, des cas de tricheries avérées et vraisemblablement planifiées, de nombreux incidents malheureux entraînant mort d’homme, des cafouillages, et, à certains endroits, un climat de terreur entretenu et exploité à dessein pour bourrer les urnes. (…)

Ce n’est pas tout. Ce qui se passe présentement au niveau de la compilation des résultats des élections législatives est inacceptable. C’est une honte pour notre pays. (…)

Nous estimons que le processus électoral a été entaché de graves irrégularités qui remettent en question la crédibilité des résultats publiés. Nous demandons aux organisateurs d’avoir le courage et l’honnêteté de tirer les conséquences qui s’imposent. (…)

L’on ne construit pas un État de droit dans une culture de tricherie, de mensonge et de terreur, de militarisation et d’atteinte flagrante à la liberté d’expression. Si la démocratie est un pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple, l’on doit respecter ce peuple. (…)

Si l’on prend le risque de continuer à gouverner le pays par défi, les tensions intérieures plus ou moins maîtrisées à court terme culmineraient, tôt ou tard, dans une crise grave et difficile à dénouer.  .

L’Église catholique hausse le ton

L’annonce de la Ceni intervient alors que la Conférence épiscopale nationale a tapé jeudi du poing sur la table. À l’issue d’une assemblée plénière extraordinaire intégralement consacrée à l’analyse du rapport de sa mission d’observation des élections, celle-ci a diffusé un message très dur (voir encadré ci-contre) à l’égard de la commission électorale, dirigée par le pasteur Daniel Ngoy Mulunda. « La Ceni doit avoir le courage de se remettre en question, de corriger impérativement les graves erreurs fustigées [lors du processus électoral, NDLR] qui ont entamé la confiance de la population en cette institution, sinon de démissionner », indique sans ambages le texte.

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Connu pour être un ardent défenseur de la démocratie, le cardinal Laurent Monsengwo avait déjà dénoncé les nombreuses irrégularités constatées lors de la présidentielle du 28 novembre en RDC. « Les résultats de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) ne sont conformes ni à la vérité ni à la justice », avait-il déclaré à Kinshasa, le 12 décembre dernier. Ce qui n’avait pas empêché Joseph Kabila d’être investi le 20 décembre suivant tandis que son rival Étienne Tshisekedi prêtait serment chez lui trois jour plus tard, après s’être autoproclamé président.

Après avoir essuyé de nombreuses critiques internationales, la Ceni avait finalement suspendu quelques jours la publication des résultats partiels et accepté une aide technique étrangère. Depuis le 5 janvier, une poignée d’experts internationaux de deux ONG américaines sont en RDC.

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(Avec AFP)

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