Rwanda – Affaire Habyarimana : le camp Kagamé menace de contre-attaquer devant la justice française
Mises en examen par la justice française pour l’attentat qui a coûté la vie à Juvénal Habyarimana en 1994, les personnalités rwandaises proches de Paul Kagamé menacent via leurs avocats de passer à l’action contre « l’enfumage » dont elles s’estiment victimes. Et se « réservent le droit » de porter plainte pour « escroquerie au jugement en bande organisée ».
L’enquête de la justice française fait lourdement pencher la balance de leur côté. Mais les mis en examens rwandais dans l’affaire de l’attentat contre Juvénal Habyarimana ne veulent pas en rester-là.
Disculpés par le rapport des experts mandatés par le juge d’instruction Marc Trévidic et dont les conclusions leur ont été communiquées mardi, les proches du président rwandais Paul Kagamé ont lancé ce qui ressemble fort à une contre-offensive judiciaire.
Au cours d’une conférence de presse, mercredi, un de leurs avocats, Me Léon-Lef Forster, a dit qu’ils s’attendaient à bénéficier d’un non-lieu dans l’affaire et qu’ils se réservaient le droit de porter plainte pour « escroquerie au jugement en bande organisée, étant donné les faux témoignages recueillis sous serment. »
Bruguière dans le viseur
Si son nom n’a pas été prononcé, c’est bien Jean-Louis Bruguière qui est visé. Cet ancien juge d’instruction français avait suivi la piste, aujourd’hui invalidée, de la responsabilité du Front patriotique rwandais (FPR, le parti actuellement au pouvoir) dans l’attentat du 6 avril 1994 qui avait coûté la vie au président rwandais Juvénal Habyarimana, et marqué le début d’un génocide qui a fait plus de 800 000 victimes.
Listant toutes les « manipulations » qui, selon les mis en examens, ont eu lieu dans cette affaire et dans l’enquête du juge Bruguière ouverte en 1998, les avocats ont parlé d’« enfumage » et ont tout particulièrement visé le très controversé gendarme français Paul Barril.
« Certains ont parlé de la culture du mensonge », a lancé Bernard Maingain en référence aux déclarations du journaliste français Pierre Péan, qui visait les « Tutsis » tout en soutenant la thèse d’un attentat commis par le FPR. « Moi, la culture du mensonge, je ne l’ai pas trouvée à Kigali. Je l’ai trouvée à Paris », a poursuivi Me Maingain.
Question de confiance
« Il faut imaginer la confiance que [nos clients] ont mis en nous et les juges Trévidic et Poux, a-t-il ajouté. Il n’était pas évident que ces gens, après des années de salissure [aient] le courage de dire :« Vous nous demandez, encore une fois, de faire confiance à la justice qui vient de là-haut, du Nord de la méditerranée. On va tenter » ».
Aujourd’hui, les avocats, en position de force, veulent « toute la vérité » sur l’identité des assassins de Juvénal Habyarimana. Si un mensonge a été éliminé, l’enquête est encore très loin d’avoir fait éclater la vérité. Le volet judiciaire de l’attentat contre Juvénal Habyarimana n’est donc pas clos.
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