Nigeria : seize morts dans des violences intercommunautaires

Plusieurs attaques intercommunautaires ont provoqué la mort de 16 personnes au Nigeria. Les chrétiens du nord ont été visés, probablement par la secte islamiste Boko Haram, tandis que des musulmans du sud du pays ont subi des représailles de « locaux ».

Un bus incendié, près de la mosquée centrale de Benin City, le 10 janvier 2012. © AFP

Un bus incendié, près de la mosquée centrale de Benin City, le 10 janvier 2012. © AFP

Publié le 11 janvier 2012 Lecture : 2 minutes.

Seize morts. C’est le bilan des violences intercommunautaires entre chrétiens et musulmans nigérians pour la seule journée du mardi 10 janvier.

Tant le nord musulman que le sud chrétien ont été touchés par ces violences meurtrières. Au moins huit personnes sont décédées, dont cinq policiers, à l’issue du mitraillage d’un bar par des islamistes présumés dans le nord du pays. Un attentat vite attribué à Boko Haram. Par ailleurs, selon des témoins, des assaillants à moto – un modus operandi de la secte islamiste – ont ouvert le feu sur les clients d’un bar de Potiskum, fief des djihadistes et épicentre des violences antichrétiennes. « Les policiers étaient venus boire un coup », a expliqué une personne présente sur les lieux.

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Dans l’État de Bauchi, également dans le nord du pays, le village de Dalman a été assailli par des inconnus armés, qui ont abattu trois habitants.

"Pire que la guerre civile"

Dans le sud du pays, ce sont les musulmans qui ont été victimes d’attentats. En moins de 24 heures, deux mosquées ont été attaquées, dont celle de Benin city où cinq personnes ont été tuées tandis que des milliers d’autres (environ 10 000 selon La Croix-Rouge) prenaient la fuite.

« Nous avons enregistré jusqu’à présent cinq tués (…) parmi les assaillants comme les assiégés », a indiqué Dan Enowoghomwenwa, chef de la Croix-Rouge de l’Edo, un État à majorité chrétienne. À Benin City, ville d’un million d’habitants, une école islamique du complexe religieux ainsi qu’un bus ont également été incendiés mardi par des « locaux », selon Enowoghomwenwa. Des attaques qui ressemblent à des représailles menées par les chrétiens en réponse aux violences contre les chrétiens du nord qui ont redoublé depuis Noël.

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Dimanche, le président Goodluck Jonathan s’était alarmé d’une situation « pire que la guerre civile » des années 60, en référence à la guerre sécessionniste du Biafra (1967-1970), et au caractère imprévisible des attaques religieuses.

« Quand vous êtes face à une situation où des gens peuvent aller dans un lieu de culte et tirer par la fenêtre, vous avez atteint un triste tournant dans la vie d’une nation » a pour sa part déploré le prix Nobel de littérature nigérian Wole Soyinka, assurant que le pays « se dirigeait vers une guerre civile ».

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Pas de victimes de la grève

En revanche, aucune victime de la grève générale contre la fin des subventions sur les carburants n’a été signalée pour la journée de mardi. Six morts dans des affrontements entre manifestants et policiers avaient été comptés la veille.

Les autorités ont tout de même imposé mardi un couvre-feu à Kaduna (dans le nord) après des tentatives de grévistes émeutiers de « semer le trouble ». D’après des habitants, la police a violemment dispersé des milliers de personnes tentant de forcer les portes du gouvernement local. Si la grève générale illimitée paralyse aujourd’hui le pays, elle n’affecte pas à ce stade la production pétrolière du plus gros producteur d’Afrique. Le président a tout de même ordonné mardi soir aux fonctionnaires grévistes de reprendre le travail, menaçant de suspendre leurs traitements s’ils refusaient.

(Avec AFP)

 

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