Guinée-Bissau : mort à Paris du président Malam Bacai Sanhá

Le président bissau-guinéen Malam Bacai Sanhá est décédé à Paris à l’âge de 64 ans, des suites d’une longue maladie non rendue publique. Sa mort fragilise un État en proie aux putschs et rongé par le trafic de drogue.

Le président bissau-guinéen, Malam Bacai Sanha, le 17 février 2010 à Lisbonne. © AFP

Le président bissau-guinéen, Malam Bacai Sanha, le 17 février 2010 à Lisbonne. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 9 janvier 2012 Lecture : 2 minutes.

Élu président de la Guinée Bissau en juillet 2009, Malam Bacai Sanhá est décédé ce lundi à l’hôpital militaire du Val de Grâce, à Paris, où il avait déjà effectué de nombreux séjours dans l’espoir de guérir d’une maladie dont le nom n’a jamais été rendu publique.

« On parle de "chute d’hémoglobine" dans le sang. (…) Il est vrai que je souffre aussi de diabète mais ce n’est pas si grave qu’on veut le faire croire », avait-il déclaré six mois après son élection, à l’occasion de l’une de ses hospitalisations à Paris, concédant avoir été placé « longuement sous perfusion ».

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Âgé de 64 ans, cet homme de grande taille et de forte corpulence aimait porter un bonnet en laine comme Amilcar Cabral, le père de l’indépendance bissau-guinéenne dont il avait été le compagnon de lutte. Musulman, marié et père d’un enfant, il était diplômé en sciences politiques de l’Université de Berlin-est et avait été plusieurs fois ministre : de la province de l’Est (zones de Bafata et Gabu, nord), des Télécommunications, et de la Fonction publique. Il a également dirigé l’Assemblée nationale de 1994 à 1998, avant d’être président intérimaire de juin 1999 à mai 2000, après la guerre civile de 1998-1999 qui avait abouti à la chute du président João Bernardo Vieira.

Trois tentatives

Surnommé « Nino », celui-ci avait été chassé par l’armée à la suite d’une mutinerie, puis réélu en 2005, avant d’être finalement assassiné le 2 mars 2009. Malam Bacai Sanhá s’était alors présenté pour la troisième fois à la présidentielle (après 2000 et 2005), sous la bannière du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC, ex-parti unique), actuellement majoritaire à l’Assemblée nationale avec 67 députés sur 100. Une élection qu’il avait remportée haut la main avec plus de 63% des suffrages.

Le décès de Malam Bacai Sanhá, un beafada (ethnie minoritaire représentant 7% de la population) originaire de la région de Quinara (sud), est une mauvaise nouvelle pour la Guinée-Bissau, pays très instable depuis de nombreuses années. En 17 ans, aucun des trois présidents élus n’a réussi à terminer son mandat de cinq ans, que soit à cause d’un putsch, d’un assassinat ou encore, présentement, de la maladie.

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Quelques jours avant la mort de Sanhá, le 26 décembre, une tentative présumée de coup d’État avait d’ailleurs été neutralisée et l’ancien chef de la marine nationale, Bubo Na Tchuto mis aux arrêts. La cause fondamentale de l’instabilité de la Guinée Bissau est son armée, difficile à contrôler à cause de ses effectifs pléthoriques (au moins 12 000 hommes pour une population de 1,5 million d’habitants) et de son implication dans le trafic de drogue dont la Guinée Bissau est devenue une plaque tournante sous-régionale.

Après le décès du président Sanha, c’est au président de l’Assemblée nationale, Raimundo Pereira (PAIGC), d’assurer l’intérim. Selon la Constitution bissau-guinéenne, il doit organiser une nouvelle élection présidentielle dans les 90 jours.

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(Avec AFP)

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