Libye : des rebelles rejettent la nomination du chef d’état-major
La nomination de Youssef al-Mangouch à la tête de l’état-major de la nouvelle armée libyenne a été rejetée par des groupes d’anciens rebelles. Ces derniers, en provenance de l’est du pays, ont formé une coallition et ont nommé leur propre candidat à ce poste.
La nomination au poste de chef d’état-major de Youssef al-Mangouch par le CNT Libyen continue de faire débat. La légitimité de l’ancien colonel de l’armée libyenne – promu général, et déjà vice-ministre à la défense – à occuper ce poste est contestée par certains ex-rebelles.
« Nous rejetons toute personne qui ne figure pas sur la liste des candidats présentée par les thowars (ex-rebelles) » a fait savoir à Tripoli Bahloul Assid, un des membres fondateurs de la Coalition des thowars de Libye, une organisation qui regroupe plusieurs factions de différentes régions.
"Procédure illégale"
A l’est du pays, le Conseil militaire de la Cyrénaïque, qui regroupe plusieurs brigades de cette région, a nommé son propre candidat chef d’état-major. Il s’agit du général Salah Salem Al-Obeidi, a indiqué à l’AFP le coordinateur politique du Conseil, Ezzeddine al-Wakwak, qualifiant « d’illégale » la nomination d’al-Mangouch.
Un avis partagé par Bahloul Assid : « Les thowars se sont mis d’accord pour soutenir le candidat qui devait être sélectionné parmi la liste des noms proposés (…). Nous pensons que la procédure qui a conduit à la nomination de Mangouch est illégale. »
Illégale, puisque le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, avait demandé aux thowars de présenter un ou des candidats à ce poste de chef d’état-major, vacant depuis l’assassinat d’Abdel Fatah Younès, qui commandait les forces rebelles pendant le soulèvement contre le régime de Kadhafi.
Après des tractations, les thowars s’étaient mis d’accord sur une liste de six hauts-gradés de l’ancienne armée libyenne, ayant activement participé aux combats. Mais Al-Mangouch, qui a été finalement nommé par le CNT, ne figurait pas sur cette liste.
Ce dernier était en retraite anticipée jusqu’au déclenchement en février de l’insurrection qui s’est transformée en combat armé et a conduit au renversement du colonel Kadhafi. Jusqu’à son arrestation, en avril par les forces Kadhafistes, près de Brega, Youssef al-Mangouch était l’un des commandants des forces rebelles de l’Est.
Réorganiser l’armée libyenne
La question du chef d’état-major fait débat en Libye depuis plusieurs semaines déjà. Cette nomination intervient alors que le CNT était très critiqué par plusieurs officiers de l’ex-armée régulière pour sa lenteur à choisir un chef d’état-major. Une lenteur jugée responsable du retard pris dans la réorganisation de l’armée, et l’intégration des rebelles dans l’institution militaire.
Le CNT a en effet fait le pari de mettre fin à la présence de milices armées et de désarmer le pays en intégrant les ex-rebelles, qui assurent une grande partie des tâches de maintien de l’ordre dans la Libye de l’après-Kadhafi.
Mercredi, le ministère de la Planification a assuré que l’État allait offrir un salaire de 600 dinars (soit 390 euros) aux ex-rebelles qui choisissent d’intégrer les ministères de l’Intérieur ou de la Défense. Ce même ministère va assurer des formations et des promotions aux fonctionnaires, étudiants ou civils au chômage, ayant pris les armes durant la révolution.
« La nomination d’un chef d’état-major ne se passera pas aussi facilement » a précisé Bahloul, un des membres fondateurs de la Coalition des Thowars de Libye.
(Avec AFP)
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