Hosni Moubarak : un « dirigeant tyrannique qui a répandu la corruption », selon l’accusation
Le procureur ne manque pas de pugnacité pour cette reprise du procès de Hosni Moubarak. Tout en dénonçant le manque de coopération des autorités avec l’accusation, il a fait savoir qu’il avait des preuves solides de l’implication de l’ancien président dans le meurtre des manifestants lors de la répression sanglante de la révolution égyptienne. Il pourrait demander la peine de mort.
« L’accusation a confirmé que Moubarak, Adli [ancien ministre de l’Intérieur, NDLR] et six hauts responsables de la sécurité avaient aidé et incité à tirer » contre la foule qui manifestait contre l’ancien régime, a déclaré mercredi le procureur, Moustafa Souleimane, en ce troisième jour d’audience au procès de Hosni Moubarak.
Le procureur a également accusé les nouvelles autorités égyptiennes d’avoir « délibérément refusé de coopérer avec l’accusation », pour déterminer la responsabilité du dictateur déchu dans le meurtre des 850 manifestants tombé place al-Tahrir, lors du soulèvement populaire de janvier.
Souleimane, qui expose ses arguments depuis mardi, pourrait présenter ses réquisitions jeudi. Selon des journaux égyptiens, il pourrait demander la peine maximale prévue par la loi, à savoir la peine de mort.
Meurtre et corruption
Mardi déjà, le procureur avait décrit Moubarak comme un « dirigeant tyrannique qui a cherché à céder le pouvoir à son fils cadet, Gamal. » Moubarak « a répandu la corruption, ouvert la porte à ses amis et ses proches, et a ruiné le pays sans rendre de comptes », avait-il alors insisté.
Le raïs déchu est jugé dans le cadre de poursuites après la répression du soulèvement contre son régime début 2011. Son ancien ministre de l’intérieur, Habib al-Adli, ainsi que six hauts responsables du ministère, sont jugés avec lui.
Premier dirigeant arabe à comparaître en personne devant la justice de son pays, Moubarak est également jugé pour corruption. Des accusations qui visent également ses deux fils, Alaa et Gamal, jugés en même temps que lui.
Incertitudes
Le procès, ouvert le 3 août, a été suspendu fin septembre, en raison d’une demande de récusation du président de la cour, jugé partial par les avocats des parties civiles. Mais le magistrat a finalement été maintenu, et les audiences ont repris le 28 décembre.
Les témoignages de policiers recueillis publiquement à l’audience ont été globalement favorables à l’ancien chef de l’État, laissant entendre qu’il n’y avait pas eu d’ordres de sa part pour ouvrir le feu sur des manifestants.
En septembre, la cour avait également entendu à huit-clos plusieurs personnalités importante du régime de Moubarak, qui ne sont pas poursuivies : parmi elles, l’ancien chef des services de renseignement, Omar Souleimane, ainsi que le maréchal Hussein Tantaoui, qui tient les rênes du pays depuis la démission de Moubarak.
(Avec AFP)
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