RDC : risque de censure prolongée pour RFI

Le ministre congolais de la Communication Lambert Mende a transmis le dossier RFI à l’autorité de régulation des médias. La radio internationale risque une longue suspension.

RFI avait déjà été censurée de juillet 2009 à octobre 2010. © AFP

RFI avait déjà été censurée de juillet 2009 à octobre 2010. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 4 janvier 2012 Lecture : 2 minutes.

Lambert Mende ne compte pas en rester là. La mesure conservatoire prise dimanche à l’encontre de RFI, régulièrement victime de la censure du gouvernement congolais et dont les ondes sont à nouveau brouillées, devrait être prolongée, à en croire le ministre de la Communication qui a transmis le dossier à l’autorité de régulation des médias pour qu’elle prenne une décision « définitive ».

La situation est pour le moins paradoxale : pour protester contre le traitement par RFI, dont le professionnalisme est reconnu dans le monde entier, de la situation postélectorale en RDC, où le pouvoir prétend qu’une présidentielle démocratique et transparente s’est tenue, le gouvernement veut manifestement prendre une mesure… antidémocratique, digne en tout cas d’un pays où la liberté d’expression est tenue en laisse.

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« De quel droit peut-on empêcher RFI de faire son travail, c’est-à-dire de pouvoir relayer des informations réelles ? » s’est indigné Tshivis Tshivuadi, secrétaire général de l’ONG congolaise Journaliste en danger, qui regrette que le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) serve encore une fois d’« alibi à tous les prédateurs de la liberté de la presse ».

Cahier des charges

Lundi, Lambert Mende avait présenté en Conseil des ministres un « rapport complet sur la mesure conservatoire (…) pour violation des principes édictés dans le cahier des charges des médias audiovisuels en République démocratique du Congo, et des dispositions pertinentes de la convention qui lie le gouvernement congolais à cette chaîne publique française », avait-il expliqué après la réunion.

« Le conseil des ministres a approuvé ladite mesure conservatoire et instruit le ministre de la Communication et des Médias à transmettre le dossier RFI » au CSAC afin qu’il prenne une « décision définitive », avait ajouté Mende. Comprendre : RFI risque une suspension comme celle qui l’avait frappée de juillet 2009 à octobre 2010, Kinshasa l’accusant de « démoraliser » l’armée.

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Communication

Cette fois, les autorités lui reprochent de ne pas faire la communication du pouvoir, pour qui il n’y a qu’un seul président en RDC alors qu’Étienne Tshisekedi s’est lui-même autoproclamé « président élu » après avoir contesté la « réélection » de Joseph Kabila dans des conditions dont la transparence est dénoncée par la plupart des observateurs.

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Lambert Mende avait précisé que l’actuelle coupure faisait suite à un sujet « juxtaposant les vœux de notre président avec les vœux de ce qu’elle [RFI, NDLR] appelle l’autre président. (…) Il y a comme une volonté délibérée de créer une situation confuse qui peut nous entraîner dans des affrontements entre Congolais ». Avant la « prestation de serment » d’Étienne Tshisekedi, le 23 décembre 2011, RFI avait déjà été interrompue à plusieurs reprises : les autorités lui reprochaient d’avoir donné les « itinéraires » du lieu de rendez-vous…

(Avec AFP)

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