Égypte : les États-Unis qualifient de « harcèlement » la vague de perquisitions d’ONG
Plusieurs ONG nationales et internationales, dont deux américaines, ont été l’objet d’une série de perquisitions de la part des autorités. De plus en plus critiques envers le pouvoir, les États-Unis ont vivement réagi en qualifiant l’opération de « harcèlement ». Les ONG dénoncent quant à elles des pratiques pires que celles de l’ancien régime de Moubarak.
Un « harcèlement ». C’est en ce terme que Washington a qualifié la perquisition par la justice égyptienne de dix-sept sièges et locaux d’ONG nationales et internationales, jeudi 30 décembre. Une opération qui se tenait dans le cadre d’une enquête sur des « financements étrangers illicites », a indiqué un communiqué officiel, sans plus de détails.
Deux organisations américaines dont l’objectif affiché est de promouvoir la démocratie et renforcer la société civile, le National Democratic Institute (NDI) et l’International Republican Institute (IRI), ont été visées, selon des sources judiciaires et des militants. Suite à ces perquisitions, les États-Unis ont immédiatement réagi, se déclarant « profondément inquiets ».
« Nous demandons au gouvernement égyptien de mettre fin immédiatement au harcèlement des équipes d’ONG (et) de rendre tous les biens saisis », a tonné la porte-parole du département d’État, Victoria Nuland.
"Aucun mandat ou explication"
« Même à l’époque de Moubarak [le président égyptien renversé en février, NDLR] l’IRI n’a jamais été soumise à de tels actes », a estimé ladite ONG, qui s’est déclarée « consternée ». Une comparaison avec l’ancien régime reprise par le Réseau arabe pour l’information sur les droits de l’Homme, basé au Caire, et qui dénonce une campagne destinée à « intimider les défenseurs des droits » de la personne. « Le régime de Moubarak lui-même n’avait pas osé se livrer à de telles pratiques », fustige cette association via un communiqué.
Le NDI, chargé de mener une mission d’observation des élections égyptiennes, a dénoncé pour sa part des pratiques cavalières et illégales, déclarant que la police avait saisi « des équipements et des documents », sans fournir « aucun mandat ou explication ».
« Réprimer sévèrement des organisations dont le but est de soutenir le processus démocratique pendant la transition historique en Égypte envoie un signal alarmant », a déploré le président de l’organisation, Kenneth Wollack. Reste que pour l’opposant Mohamed el-Baradei, candidat potentiel à la présidentielle, ces tentatives de déstabilisation sont vaines. « Les organisations de défense des droits sont les gardiennes de la liberté qui émerge, et les efforts pour les étouffer vont certainement tourner court », a-t-il assuré sur le réseau social Twitter.
Critiques de plus en plus vives
Officiellement, les perquisitions répondent à une demande « des juges d’instruction chargés de l’affaire des financements étrangers illicites d’organisations non-gouvernementales ». Les ONG visées, dont le gouvernement ne précise pas le nombre, sont accusées de ne pas disposer des autorisations nécessaires pour exercer leur activité et de recevoir des financements étrangers, soumis en Égypte à de strictes conditions de la part des autorités.
Dès le mois d’août, les autorités du pays avaient annoncé l’ouverture d’une enquête sur le financement illégal présumé d’ONG égyptiennes par des fonds d’origine étrangère. Des sources judiciaires avaient a indiqué à l’époque que l’enquête visait plus particulièrement les fonds d’origine américaine.
Cette enquête intervient au moment où les critiques des États-Unis, proches alliés des Égyptiens de longue date, deviennent de plus en plus vives à l’encontre du pouvoir. Washington a déploré lors de multiples occasions, tout comme d’autres pays occidentaux, la répression meurtrière opérée par les forces de l’ordre contre des manifestations ces dernières semaines. Également dans la ligne de mire des États-Unis, le maintien par l’armée égyptienne d’une législation répressive héritée de l’ancien régime.
(Avec AFP)
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