Tunisie – Nadia el-Fani : « Le projet d’Ennahdha est antidémocratique »
Arrivée au pouvoir des islamistes en Tunisie, droits des femmes, menace salafiste… La réalisatrice controversée Nadia el-Fani livre à jeuneafrique.com sa vision de la situation politique et sociale dans son pays.
Si Nadia el-Fani ne rentre pas dans son pays, ce n’est pas par « peur », après l’attaque d’un cinéma lors de la projection de son film « Laïcité, Inch’Allah ! », et les nombreuses menaces de mort dont elle a été victime. « La peur empêche d’avancer, ce qui n’est pas mon cas », explique la réalisatrice tunisienne. « Mais je refuse de rentrer tant que la justice ne fera pas son travail », dit elle.
Nadia el-fani fait l’objet d’une plainte déposée par trois avocats islamistes qui l’accusent d’atteintes au sacré, aux bonnes mœurs et aux préceptes religieux. « Soit la justice classe l’affaire, soit elle instruit le procès, et dans le second cas, j’en ferai un procès politique », avance-t-elle, tout en s’empressant de reprendre le célèbre slogan « on ne va pas passer du Benalisme au Benislamisme ! »
Voir l’interview vidéo de Nadia el-Fani :
En attendant la résolution de son affaire, elle travaille à Paris sur un nouveau film, qui sera diffusé à la télévision française dans le courant de février, et en Tunisie « si une chaîne l’accepte », précise la réalisatrice. Elle entend raconter en images les suites de la sortie de « Laïcité, Inch’Allah ». « Je ne me trompe pas de combat », clame-t-elle. Et la victoire des islamistes d’Ennahdha aux élections du 23 octobre ne fait que renforcer sa détermination. « Leur projet est antidémocratique. Je lutte contre leur idéologie politique mais je combat aussi leur programme économique. Ennahdha est un parti de droite ».
Nadia el-Fani reste confiante. Malgré l’apparition d’une jeunesse « plus conservatrice que la vieille génération », elle en est sûre : les Tunisiens souhaitent garder l’image d’un peuple « moderne, ouvert », et tous sauront se battre afin que les droits des femmes ne soient pas piétinés. « L’inscription du Code du statut personnel est une condition sine qua non à l’acceptation de la nouvelle Constitution », assure-t-elle. « La société tunisienne montre chaque jour sa capacité à se mobiliser encore, à ne rien lâcher », conclut la réalisatrice.
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