Côte d’Ivoire : nouvelles violences intercommunautaires impliquant les FRCI

De nouvelles violences communautaires déclenchées par des exactions des FRCI ont fait plusieurs morts et blessés à Sikensi, au nord d’Abidjan. De graves incident qui soulignent la faiblesse du gouvernement et les profondes divisions des Ivoiriens.

Militaires des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), le 27 avril 2011 à Abidjian. © AFP

Militaires des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), le 27 avril 2011 à Abidjian. © AFP

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Publié le 27 décembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Quatre morts – deux soldats et deux jeunes – et une quinzaine de blessés par balles. C’est le bilan fourni par l’Agence ivoirienne de presse (AIP, agence officielle), après des affrontements meurtriers entre communautés à Sikensi, une ville située à une soixantaine de kilomètres au nord d’Abidjan. Encore une fois, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) sont accusées d’être à la base des affrontements.

En moins de dix jours, c’est la deuxième fois que des incidents meurtriers les impliquent. Le 18 décembre dernier, un groupe de soldats des FRCI de Vavoua (centre-nord du pays, en ex-zone rebelle, favorable au président Alassane Ouattara) conduits par leur commandant, avait procédé à une arrestation musclée d’un jeune homme, qui avait, par la suite succombé à ses blessures. Excédée par les exactions répétées des FRCI, la population de la ville, en grande partie malinké, s’était soulevée contre celles-ci et avait conduit une expédition punitive au quartier général des militaires.  Les affrontements aux fusils et aux coupe-coupe avaient causé la mort d’au moins quatre civils.

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Barricades

L’incident de lundi s’est produit à Sikensi, dans une localité qui avait massivement voté pour Laurent Gbagbo à la présidentielle de novembre 2010. La population autochtone abidji a dressé des barricades sur la voie principale de la ville pour protester contre la bastonnade d’un jeune autochtone par un élément des FRCI, dans un bar à ciel ouvert communément appelé « maquis ». La protestation contre les FRCI a vite dégénéré en affrontements entre communautés autochtone, essentiellement abidji et pro-Gbagbo, et allochtone, en majorité malinké et pro-Ouattara.

Le gouvernement prend très au sérieux l’affaire. Paul Koffi Koffi, ministre délégué à la Défense s’est très rapidement déplacée dans la localité pour ramener le calme au sein des communautés qui se regardaient en chien de faïence depuis l’élection présidentielle. Le calme est revenu, mais la tension reste vive à Sikensi. Les habitants, par crainte de représailles de membres de communautés adverses préfèrent rester chez eux, la nuit.

Nécessaire réconciliation

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Les affrontements de Sikensi sont la preuve que les FRCI sont de plus en plus rejetées par la population, qu’elle soit pro ou anti-Ouattara. Ils sont aussi la preuve que la nécessité de la réconciliation nationale est plus urgente que jamais. Créée depuis six mois et installée depuis trois mois, la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR) dirigée par l’ancien premier ministre Charles Konan Banny peine à définir une feuille de route définitive pour la réconciliation des Ivoiriens, profondément divisés par une longue crise militaro-politique (septembre 2002 – mai 2007) et une éprouvante crise postélectorale (décembre 2010 – avril 2011) qui a causé la mort d’au moins 3 000 personnes.

Après les incidents de Vavoua, Alassane Ouattara a tapé du poing sur la table et mis en place une police militaire dirigée par l’un des plus redoutables chefs de guerre des ex-comzones, le commandant Zakaria Koné. Celle-ci est chargée entre autres de traquer les soldats des FRCI impliqués dans des violations des droits de l’homme.

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