Côte d’Ivoire : le FPI dénonce un Parlement « ethno-régionaliste » et invite Ouattara au dialogue
Le parti de Laurent Gbagbo, le FPI, continue d’accuser le pouvoir d’Alassane Ouattara de pratiquer une politique d’exclusion contraire à l’impératif de réconciliation nationale. Et de demander l’annulation des dernières législatives, dont le taux de participation est sujet à caution.
« Mascarade », futur parlement « ethno-régionaliste », « exclusion », etc. Sylvain Miaka Oureto, président par intérim du Front populaire ivoirien (FPI, parti de Laurent Gbagbo) a particulièrement choisi ses mots. Une semaine après la proclamation des résultats provisoires des législatives du 11 décembre par la Commission électorale indépendante (CEI), le FPI ne décolère pas. Le parti de Gbagbo invite tout simplement les autorités à annuler le scrutin et à créer un cadre de dialogue avec l’opposition.
« Doit-on continuer à fermer les yeux sur l’exclusion qui s’installe, insidieusement, dans notre pays et qui hypothèque gravement l’avenir de la nation alors que l’on a prétendu avoir pris les armes au motif que l’on aurait été exclu ? » s’est interrogé Sylvain Miaka Oureto, au cours de la conférence de presse organisée ce vendredi 23 décembre, à Abidjan au siège du Congrès national de la résistance démocratique (CNRD, coalition de partis et mouvements politiques pro-Gbagbo).
Le FPI avait appelé à boycotter les législatives du 11 décembre, avançant que la commission électorale était déséquilibrée, que la sécurité de ses potentiels candidats n’était pas garantie et que plusieurs de ses cadres étaient détenus dans des prisons du nord. Aucune de ses conditions n’avait été satisfaite par le pouvoir, en dépit d’une amorce de dialogue quelques semaines avant le scrutin.
Polémique sur l’abstention
Oureto a indiqué que les législatives n’étaient ni régulières, ni légales. Selon lui, « le découpage électoral a été fait en violation de la loi et l’organisation du scrutin a été entachée de graves irrégularités ». Le FPI a aussi estimé que le futur Parlement ne serait pas suffisamment légitime, du fait du fort taux d’abstention. Les autorités ont annoncé après plusieurs hésitations, et alors que la polémique sur le taux de participation des électeurs enflait, que celui-ci était de 38%, en hausse par rapport aux législatives de 2000, organisées par l’administration Gbagbo.
Le FPI continue de croire que le taux de participation n’a pas franchi la barre de 10 % et soupçonne une « technologie électorale » mise en place pour « tripatouiller les résultats ». Autre sujet qui a retenu l’attention du FPI : le futur « Parlement monochrome et quasiment ethno-régionaliste » dominé par le Rassemblement des républicains (RDR, parti de Ouattara).
Requête en annulation
Sylvain Miaka Oureto a donc invité Alassane Ouattara à « annuler purement et simplement les législatives ». Une invitation qui a peu de chance d’être entendue. Le Conseil constitutionnel a reçu plusieurs requêtes en annulation et les résultats définitifs devraient être proclamés au plus tard début janvier. Les tractations ont commencé entre le RDR et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI d’Henri Konan Bédié), les deux principaux partis de la mouvance présidentielle, pour trouver un successeur à Mamadou Koulibaly, candidat malheureux dans sa circonscription de Koumassi (Abidjan).
Le FPI a par ailleurs demandé à Ouattara d’ « ouvrir immédiatement une discussion franche avec le FPI, dénuée de toute morgue et devant aboutir à la mise en place de conditions idoines de réalisation de législatives véritablement ouvertes, justes, démocratiques et surtout crédibles et dont les vainqueurs auront la légitimité du peuple de Côte d’Ivoire ». Un proche d’Hamed Bakayoko, ministre de l’Intérieur de Ouattara, joint au téléphone par jeuneafrique.com, a réagi en rappelant que « le FPI frappe à une porte largement ouverte, en ce qui concerne le dialogue, mais qu’il se détrompe, les discussions ne tourneront pas autour des législatives ».
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