Turquie – France : Erdogan hausse le ton et dénonce le génocide algérien commis par la France

Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a vivement réagi vendredi au vote par l’Assemblée nationale française d’une loi réprimant la négation des génocides, dont celui des Arméniens de 1915.

Le Premier ministre turc Tayyip Erdogan, le 22 décembre 2011 à Ankara. © AFP

Le Premier ministre turc Tayyip Erdogan, le 22 décembre 2011 à Ankara. © AFP

Publié le 23 décembre 2011 Lecture : 2 minutes.

« L’Histoire et les peuples ne pardonneront pas à ceux qui exploitent les faits historiques à des fins politiques », estimait jeudi soir Recep Tayyip Erdogan. Vendredi 23 décembre, lors d’une conférence de presse, le premier ministre turc a encore haussé le ton contre Nicolas Sarkozy.

« Le Président Sarkozy a commencé à rechercher des gains électoraux en utilisant la haine du musulman et du Turc », a-t-il ainsi déclaré avant de préciser que « ce vote qui a eu lieu en France, une France où vivent environ cinq millions de musulmans, a clairement montré à quel point le racisme, la discrimination et l’islamophobie ont atteint des dimensions dangereuses en France et en Europe.  »

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Génocide algérien

Erdogan est allé encore plus loin, accusant la France d’avoir commis un génocide en Algérie : « on estime que 15% de la population algérienne a été massacrée par les Français à partir de 1945 » a-t-il ainsi affirmé en référence aux violences commises lors du processus d’indépendance du pays, entre 1945 et 1962.

« Si le président français M. Sarkozy ne sait pas qu’il y a eu un génocide, il peut demander à son père Pal Sarkozy (…) qui a été légionnaire en Algérie dans les années 1940 », a ajouté le premier ministre, indiquant qu’il était sûr que Pal Sarkozy avait «  beaucoup de choses à dire à son fils sur les massacres commis par les Français en Algérie. »

Les propos du premier ministre turc ont poussé Nicolas Sarkozy à réagir à son tour, alors qu’il se préparait à assister à Prague aux obsèques de l’ancien président tchèque Vaclav Havel : « Je respecte les convictions de nos amis turcs, c’est un grand pays, une grande civilisation, ils doivent respecter les nôtres. »

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Sanctions contre la France

Le Premier ministre turc qui ordonnait jeudi soir la suspension des visites bilatérales, le rappel pour consultations de l’ambassadeur de Turquie en France et l’annulation des exercices militaires communs s’est cependant abstenu d’annoncer des sanctions économiques contre la France, important partenaire commercial. Le volume bilatéral des échanges entre les deux pays s’est chiffré à près de 12 milliards d’euros en 2010.

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Malgré les nombreux avertissements d’Ankara qui a dépêché une plusieurs délégations à Paris, les députés français ont voté jeudi une proposition de loi pénalisant d’un an de prison et de 45.000 euros d’amende la négation d’un génocide reconnu par la loi, comme l’est depuis 2001 le génocide arménien de 1915. Pour entrer en vigueur, la proposition de loi devra cependant aussi être adoptée par le Sénat.

Ce génocide, dont est accusé l’Empire Ottoman, qui selon l’Arménie a fait près d’1.5 millions de morts, est nié par la Turquie, qui reconnaît cependant que jusqu’à 500 000 Arméniens sont morts pendant des combats et leur déportation.

(Avec AFP)
 

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