Violences électorales en RDC : la justice congolaise ouvre une enquête

L’organisation non gouvernementale Humaw rights watch (HRW) accuse, dans un rapport publié jeudi 22 décembre, les forces de sécurité du régime de Joseph Kabila d’avoir tué « au moins 24 personnes » entre le 9 et le 14 décembre en République démocratique du Congo (RDC). Les autorités judiciaires du pays vont ouvrir une enquête.  

Des militaires stationnés dans une rue de Kinshasa, le 19 décembre 2011, en RDC © Junior D.Kannah/AFP

Des militaires stationnés dans une rue de Kinshasa, le 19 décembre 2011, en RDC © Junior D.Kannah/AFP

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Publié le 22 décembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Mise à jour le 22/12 à 12H35

Human Rights Watch a appelé jeudi le gouvernement de Kinshasa à « immédiatement arrêter les attaques et les arrestations arbitraires ». Selon l’organisation, « au moins 24 personnes ont été tuées » et plusieurs dizaines d’autres ont été arrêtées « arbitrairement » par « les forces de sécurité » en République démocratique du Congo (RDC) entre les 9 et 14 décembre.

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"Manoeuvres sanglantes"

La justice congolaise a immédiatement réagi. « Nous allons ouvrir des enquêtes, procéder aux recherches. (…) Donc on est parti pour quelques jours pour essayer de documenter ensemble et mutuellement (avec les ONG) ces différents cas », a déclaré le ministre de la Justice Emmanuel Luzolo Bambi, précisant avoir été en contact ce jeudi matin avec le parquet pour lui faire parvenir une injonction.

Vingt ont été tuées « à Kinshasa, deux au Nord-Kivu (est) et deux au Kasaï Occidental (centre) », écrit l’ONG de défense des droits de l’homme, qui dit avoir interrogé « 86 victimes, membres de familles et d’autres témoins », dans un communiqué. L’ONG, qui dénonce particulièrement la police et la Garde républicaine – chargée de la sécurité de la présidence -, estime que depuis la réélection contestée de Joseph Kabila le 9 décembre, « les forces de sécurité ont tiré sur des petites foules, apparemment pour empêcher la tenue de manifestations contre le résultat de l’élection ».

Pour Anneke Van Woudenberg, enquêtrice pour l’Afrique à HRW, « ces manœuvres sanglantes contribuent à fragiliser le processus électoral et donnent l’impression que le gouvernement ne reculera devant rien pour rester au pouvoir », a-t-elle ajouté.

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HRW, qui « a reçu des dizaines de signalements d’autres meurtres et d’attaques par les forces de sécurité qu’elle cherche à vérifier et poursuit ses enquêtes », estime que le bilan de la répression pourrait être plus élevé. « Il semblerait que la police et d’autres forces de sécurité masquent l’étendue des meurtres en enlevant rapidement les corps », assure l’ONG.Des « sources » auraient ainsi « informé HRW que le gouvernement avait donné pour instruction aux hôpitaux et aux morgues de ne pas fournir d’informations concernant le nombre de morts, ni de détails sur les individus blessés par balles aux membres de leurs familles, aux groupes de défense des droits humains ou au personnel des Nations unies, entre autres », déclare l’organisation dans ce communiqué.

Manifestations bloquées par la force

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Des meurtres donc, mais pas seulement. Les forces de sécurité ont depuis le 9 décembre empêché toutes formes de rassemblements, bloquant « par la force des tentatives des groupes d’opposition d’organiser des manifestations pacifiques contre les irrégularités de l’élection » présidentielle. Ils ont « arrêté un certain nombre des organisateurs sur des accusations fallacieuses de menace à la sécurité nationale », indique le communiqué.

Human Right Watch,qui avait déjà mis en cause la Garde républicaine dans la plupart des 18 morts civils qu’elle a recensés en fin de campagne et pendant le scrutin, appelle  « les Nations unies et les partenaires internationaux de la RDC » à « exiger de toute urgence que le gouvernement reprenne le contrôle de ses forces de sécurité ».

(Avec AFP)
 

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