Égypte : des manifestants tués par balles place al-Tahrir
Au Caire, les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre se poursuivent le 20 décembre pour le 5e jour consécutif. Le bilan est désormais de 13 morts et plusieurs centaines de blessés.
Mise à jour le 20/12 à 17H10
Mardi 20 décembre, les affrontements entre les manifestants égyptiens et forces de l’ordre se poursuivent au Caire , faisant monter le bilan à 13 morts et plusieurs centaines de blessés, selon des sources médicales rapportées par Reuters. Selon le chef de la médecine légale égytienne, le docteur Ehsan Kamil Georgi, 9 des 13 manifestants tués ont été touchés par des balles, précisant que seuls 10 corps avaient été autopsiés pour le moment, a rapporté l’agence officielle égyptienne Mena.
Nouvelle intervention militaire
D’après l’agence de presse anglaise, les forces de l’ordre tentaient une nouvelle fois mardi matin de déloger de la place al-Tahrir des manifestants hostiles au pouvoir militaire. D’après Ismaïl, un manifestant de la place joint par Reuters, « des centaines de membres de la sureté de l’État ont pénétré sur la place et ont commencé à tirer sans relâche. Ils ont poursuivi des manifestants et brûlé tout ce qui était sur leur passage, y compris du matériel médical et des couvertures. »
Avant cette intervention des forces de l’ordre, plusieurs protestataires ont tenté de briser un mur de briques érigé pour bloquer l’accès au parlement, a précisé l’agence de presse britannique, qui ajoute que des personnalités politiques et des membres du Parlement ont tenté de se rendre sur la place mais qu’ils ont fait demi-tour en raison des fusillades.
L’agence de presse égyptienne Mena a de son côté rapporté que le parquet avait placé en détention 123 personnes, arrêtées pour refus d’obéissance, jets de pierres contre les forces de l’ordre et incendies de bâtiments publics. Le parquet aurait cependant relâché 53 autres personnes.
Une opinion publique divisée
Dix mois après le renversement de Hosni Moubarak, une partie de la population soupçonne l’armée de profiter de son rôle à la tête du processus de transition pour tenter de conserver le pouvoir.
Mais pour d’autres, les militaires cherchent simplement à maintenir le calme et l’ordre afin de permettre le bon déroulement des élections.
Dans une conférence de presse organisée lundi, le Conseil suprême des forces armées s’est dédouané de toute responsabilité, indiquant que « l’armée n’avait pas recours à la force contre les manifestants », accusant ces derniers de « chercher à détruire l’État. »
Des images montrant des manifestants frappés par les forces armées circulent pourtant depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux. On y voit notamment une jeune fille perdre son voile intégral pour se retrouver à moitié dénudée et violemment battue par des soldats, alors qu’elle git à même le sol. D’autres photos montrent des soldats en train de lancer des pierres et d’uriner sur les manifestants.
Interrogé sur de tels comportements, le général Adel Emara, a déclaré : « Oui, cela s’est passé. Mais il faut voir les circonstances de l’incident (…). Nous enquêtons, nous n’avons rien à cacher. »
Depuis plusieurs jours déjà, les réactions internationales se sont multipliées : la secrétaire d’Etats américaine Hilary Clinton a ainsi jugé les violences faites aux femmes, indigne de la révolution, ajoutant que de tels actes, qualifiés de « particulièrement choquants », « déshonorait l’État ».
Amr Hamzawy, chef de file du courant libéral égyptien, Mohamed al-Beltagy, président du parti des frères musulmans, ainsi que plusieurs autres parlementaires élus lors des deux premières phases des élections législatives ont quant à eux organisé un sit-in devant la cour suprême. Ils réclament l’ouverture d’une enquête à l’encontre des cadres militaires tenus pour responsable de la flambée de violence que connait la capitale égyptienne.
(Avec agences)
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