Amr Moussa : « L’ensemble du Moyen-Orient doit changer »
Le Printemps arabe a été au coeur de la 4e « World policy conference » organisée à Vienne par l’Ifri.
« Nous ne voulons plus vivre sous des dictatures et l’ensemble du Moyen-Orient doit changer », a lancé Amr Moussa, lors de la World policy conference à Vienne (Autriche), qui s’est tenue du 9 au 11 décembre. Et l’ancien secrétaire général de la Ligue arabe, candidat déclaré à la prochaine présidentielle égyptienne, d’ajouter : « Les changements toucheront à des degrés divers tous les pays. »
Présent à la conférence organisée par l’Institut français des relations internationales (Ifri) dans la capitale autrichienne, le prince saoudien Turki al-Faisal pouvait difficilement ne pas se sentir visé par l’apostrophe. Sa réponse fut ciselée dans une langue de diplomate. « Depuis sa création en 1932, l’Arabie saoudite mène en permanence des réformes politiques et économiques. C’est un processus harmonieux entre ceux qui règnent et les sujets, mais nous attachons d’avantage d’importance à la stabilité », a posément expliqué l’ancien ambassadeur à Londres et aux États-Unis, actuellement président de l’Institut de recherches et d’études islamiques de Riyad.
"La Syrie est une machine à tuer"
L’échange entre les deux hommes fût aussi l’occasion d’aborder la menace nucléaire iranienne, la crise syrienne et le dossier palestinien. Si le prince al-Faisal sait être mesuré lorsqu’il parle de son pays, le propos est beaucoup plus tranché pour les voisins. Morceaux choisis : « La Syrie est une machine à tuer (…). L’Iran est un tigre en papier (…). Jusqu’au plus profond de la cellule biologique d’un individu arabe, vous trouverez le mot Palestine. »
Invité de marque également lors de cette World policy conference, le ministre israélien de la Défense, Ehoud Barak, a fait valoir les arguments de son pays. Sans surprise, il s’est montré très circonspect sur les débouchés politiques des révolutions arabes. « Je ne suis pas certain qu’un Vaclav Havel émerge des évolutions en cours », a-t-il déclaré, faisant allusion aux victoires électorales des islamistes en Égypte et en Tunisie.
Quant au blocage des négociations avec l’Autorité palestinienne, il a renvoyé la responsabilité sur les Palestiniens et leur exigence d’un arrêt des constructions dans les colonies juives en Cisjordanie. En ce qui concerne l’Iran et son programme nucléaire. « C’est une menace pour tout le monde. Si le régime iranien parvient à se doter de l’arme nucléaire, il s’assurera une nouvelle immunité à l’image de la Corée du Nord », a-t-il déclaré. À la question sur d’éventuelle frappes israélienne préventives en Iran, le ministre israélien a préféré botter en touche.
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Par Philippe Perdrix, envoyé spécial à Vienne
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