Gbagbo à la CPI : les commentaires de la presse ivoirienne
Les journaux ivoiriens ont largement commenté et analysé la première comparution de l’ancien président Laurent Gbagbo devant la Cour pénale internationale (CPI), le lundi 5 décembre 2011. Revue de presse pour le moins contrastée.
Lundi 5 décembre, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo comparaissait pour la première fois devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye aux Pays-Bas. Pour l’occasion, nombre de titres de la presse ivoirienne avaient dépêché un envoyé spécial sur place. Ils ont ainsi commenté avec profusion une audience qui a duré quelque 30 minutes et que certains journaux ont même retranscrite en intégralité. Des appréciations assez contrastées en fonction des titres et de leur sensibilité politique.
« Gbagbo assomme la France », titre ainsi Le Temps. « Le lundi 5 décembre, le président Gbagbo affrontait pour la première fois "ses juges blancs" commis pour le sale boulot », commente le journal qui estime que la comparution de l’ex-président Gbagbo relève d’une « injustice pénale internationale ». Le quotidien Notre Voie trempe sa plume dans la même encre. « Gbagbo fait une entrée fracassante », titre ainsi le journal du Front populaire ivoirien (FPI, parti de Gbagbo), dont trois journalistes ont été libérés mardi par la justice ivoirienne.
Un poids en moins pour Ouattara
De son côté, L’Inter se livre à une analyse très prudente, plus politique que partisane, voyant dans le procès de Gbagbo à la CPI « l’éloignement d’un acteur politique qui peut paraître gênant pour les tenants du pouvoir ». « Au-delà d’un procès classique où le prévenu doit répondre des charges retenues contre sa personne, le cas Gbagbo semble cacher une stratégie politique qui devrait permettre à Alassane Ouattara de souffler pendant son premier mandat », écrit le quotidien.
Le Soir Info se penche quant à lui sur l’attitude de Gbagbo, qu’il juge « sereine » et tente d’expliquer de deux manières. « D’un côté, il y a ceux qui pensent qu’il n’a pas conscience de ce qui lui est reproché (…) D’un autre côté, ceux qui l’expliquent par le fait qu’il détient des arguments solides pour sa défense et des informations qui vont sans doute confondre ses accusateurs ».
Pas un mot pour Simone Gbagbo
Une analyse que partage Le Temps, persuadé que « les pièces du puzzle se mettent en place et (que) beaucoup de surprise attendent l’actuel régime ivoirien ». Confiant quant à l’issue du procès, le journal se dit persuadé que « Laurent Gbagbo reviendra bel et bien comme Mandela ».
Mais la première confrontation de Gbagbo à ses juges a été surtout l’occasion pour lui de s’exprimer en public pour la première fois depuis son arrestation à Abidjan. L’Intelligent s’attarde sur cette intervention, en décryptant notamment le discours de l’ancien président par ses non-dits. Il note d’abord que l’ancien président ivoirien « n’a pas trop tapé » sur Alassane Ouattara, préférant concentrer « ses critiques sur la France ».
Il n’a pas dit un mot non plus à l’intention de son épouse Simone. Une preuve selon « des pro-Ouattara que c’est Gbagbo et Gbagbo seul qui voulait le pouvoir, qui s’y est accroché et a laissé faire par Simone et les autres, tout ce qui pouvait l’aider à garder le pouvoir », poursuit L’intelligent.
Le quotidien explique également que l’avocat de Laurent Gbagbo, Me Emmanuelle Altit « avait préparé un argumentaire juridique pour contester la procédure en relevant les erreurs et irrégularités sur l’identité, les conditions de signification du mandat » d’arrêt de la CPI, mais que Laurent Gbagbo, lui-même, ne lui en a pas laissé la possibilité.
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