Tunisie : une « mini-Constitution » examinée par l’Assemblée constituante pour apaiser les tensions
L’Assemblée constituante tunisienne s’est réunie mardi 6 novembre afin d’examiner une « mini-constitution », censée permettre un démarrage des institutions et la formation d’un exécutif. Une tâche jugée « urgente » par les députés qui s’inquiètent des « risques d’explosion sociale ».
Adopter une « mini-constitution », un premier pas pour calmer les esprits des Tunisiens qui s’échauffent ? C’est ce qu’espèrent les 217 députés de l’Assemblée constituante qui examinent ce mardi 6 novembre un texte de 26 articles concernant l’organisation des pouvoirs publics. Le projet de devrait permettre, un mois et demi après les élections de la Constituante, un démarrage effectif des institutions.
Même s’ils se disent conscient de « l’urgence » de la situation, les élus n’avaient pas encore examiné le document avant l’interruption de la séance. Celle-ci devait reprendre à 16 h (15h GMT).
« Le peuple en a marre d’attendre ! Commençons à travailler, assez d’atermoiements », a fustigé Amar Larayedh, un député du parti islamiste Ennahdha, peu après le début de la séance mardi matin.
Alors que le pouvoir demeure vacant, la contestation sociale devient de plus en plus forte en Tunisie. Grèves, sit-in et violences se multiplient dans un contexte de crise économique et de chômage endémique, dont le taux dépassera en 2011 les 18% selon le gouverneur de la Banque Centrale tunisienne Mustapha Kamel Nabli.
Face à la situation économique désastreuse, la chef du Parti démocrate progressiste (PDP), Maya Jribi, a mis en garde contre « les risques d’explosion sociale et la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays ».
"Tension dans la rue"
Devant le palais du Bardo à Tunis, quelque 300 personnes étaient venues manifester dans le calme en scandant le slogan révolutionnaire « Liberté et dignité ». Certains d’entre eux campent depuis près d’une semaine devant l’Assemblée, notamment des chômeurs venus du bassin minier, une région déshéritée du centre du pays. Ces derniers comptent prolonger leur sit-in jusqu’à « la formation d’un gouvernement qui puisse prendre des décisions urgentes », a affirmé l’un d’entre eux, Ali Jedlaoui.
« Nous sommes conscients de l’urgence de la situation, et de la tension dans la rue et le pays. Il faut donner un coup de fouet au processus », a estimé le porte-parole du CPR Abdelawab Matar, avant l’ouverture de la séance de l’Assemblée.
Le gouvernement sortant de Béji Caïd Essebsi, formé fin février, n’est plus qu’en charge des affaires courantes et, en l’absence d’un texte sur l’organisation des pouvoirs publics, l’élection du président et la formation d’un gouvernement ne peuvent avoir lieu.
Selon un accord entre les trois vainqueurs du scrutin, les islamistes d’Ennahdha et les deux partis de gauche, le Congrès pour la République (CPR) et Ettakatol, la présidence doit normalement revenir à Moncef Marzouki, dirigeant du CPR, et le gouvernement à Hamadi Jebali, numéro 2 d’Ennahdha.
« Nous sommes fatigués d’attendre. À la limite on s’en fout de qui sera au gouvernement. Qu’ils se partagent le gâteau, nous on veut du travail! » a fustigé Nizar Jeridi, un chômeur de 23 ans.
(Avec AFP)
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