Égypte : duel islamo-islamiste au deuxième tour des législatives

Les Frères musulmans et les salafistes sont les principaux vainqueurs du scrutin égyptien. Au second tour, les électeurs auront alors à choisir entre un islamisme qui s’annonce « modéré » et un rigoriste.

Des Égyptiennes à leur arrivée le 5 décembre 2011 dans un bureau de vote du Caire. © AFP

Des Égyptiennes à leur arrivée le 5 décembre 2011 dans un bureau de vote du Caire. © AFP

Publié le 6 décembre 2011 Lecture : 2 minutes.

A eux deux, ils totalisent pas moins de 60% des voix. Il serait pourtant prématuré d’évoquer une quelconque alliance entre le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), organe politique de la célèbre confrérie des Frères musulmans et le Parti al-Nour, principal parti salafiste égyptien.

Car les frères essayent toujours de se démarquer de  leur confrères fondamentalistes, qui ont crée la véritable surprise du premier tour en raflant pas moins de 24% des voix. La confrérie a ainsi appelés à « ne pas mettre tous les islamistes dans le même panier.»

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Grisés par leur succès, les salafistes ont de leur côté multipliés les déclarations en faveur d’un islam rigoriste. Saïd Mahmoud, un porte-parole d’Al-Nour, a ainsi expliqué sa version salafiste de la démocratie : « Nous sommes d’accord avec les principes de la démocratie comme la justice. Mais si la démocratie est contraire à la parole de Dieu, nous nous en éloignons et si la démocratie autorise l’homosexualité, nous la rejetons.»

Second tour serré

Les deux mouvements s’affrontent d’ailleurs pour une vingtaine de sièges disputés dans un tiers des 27 gouvernorats d’Égypte, concerné par ce second tour, qui doit départager les candidats du scrutin uninominal.

À Alexandrie, dans le nord du pays, un duel particulièrement serré est prévu entre les Frères musulmans et les salafistes. La ville côtière anciennement cosmopolite a vu naître le parti salafiste al-Nour, peu après la chute du régime d’Hosni Moubarak.

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« Cela ne fait que dix mois qu’on est là, et on est déjà en deuxième position », se félicite Jihane, qui porte le Niqab (voile intégral). « Je vais voter pour Al-Nour car je suis très pieuse, et ce sont eux qui représentent le mieux mes idées », explique cette mère de quatre enfant rencontrée par l’AFP devant un bureau de vote du quartier huppé d’Al-Montazah.

Mais Alexandrie est aussi un bastion des Frères musulmans, qui contrôlaient le conseil d’administration de la ville même sous l’ancien régime.

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« C’est un vote vraiment serré, je pense que pour le moment nous sommes à 50/50 », explique de son côté une jeune militante de la confrérie.

Devant les bureaux de vote et dans les rues d’Alexandrie, les partisanes des salafistes sont reconnaissables à leur Niqab noir, alors que celle de la confrérie ne portent que le voile.

Quid des libéraux ?

Quant aux libéraux , qui apparaissent comme les grands perdants de cette première étape du scrutin, ils tentent de leur côté de compenser leurs pertes, en particulier au Caire. Dans le quartier huppé de Zamalek, les espoirs reposent sur le candidat libéral, Mohamed Abou Hammad, qui fait face à un candidat des Frères musulmans.

« J’ai voté pour Hammad. S’il ne gagne pas ici, je ne sais pas où les libéraux vont gagner », a affirmé Amr al-Gidawi, avocat.

« Les forces révolutionnaires ne se sont pas occupées des élections », explique de son côté Moustapha Hussein, médecin et blogueur actif durant la révolte contre Moubarak.

L’ensemble des libéraux, répartis sur six listes, atteignent 29,3% des voix, mais ils restent trop divisés pour représenter un groupe homogène face au raz-de-marée islamiste.

(Avec AFP)
 

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