Tunisie : le congrès d’une centrale syndicale de gauche renforce le pluralisme

Interdite sous le régime du président Ben Ali, la Confédération générale tunisienne du travail (CGTT), une centrale syndicale de gauche, a vu le jour dimanche en Tunisie. Sa création renforce le pluralisme syndical normalement en vigueur dans le pays, mais jamais possible sous Ben Ali.

Un tunisien arborant le drapeau de son pays. © Fethi Belaid/AFP

Un tunisien arborant le drapeau de son pays. © Fethi Belaid/AFP

Publié le 5 décembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Dix mois après la chute du président Ben Ali, un congrès constitutif tenu à Nabeul, dans le nord-est de la Tunisie, a inauguré une centrale syndicale de gauche, la Confédération générale tunisienne du travail (CGTT). Sous l’ancien régime, le pluralisme syndical était rendu impossible par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT, centrale historique unique) qui empêchait toute légalisation de la CGTT. Le congrès signe ici un tout premier acte en faveur d’une certaine diversité syndicale.

Créée en 2006, mais interdite sous Ben Ali, la CGTT se définit comme « un contre-pouvoir totalement indépendant et démocratique avec des orientations modernistes », selon son fondateur et secrétaire général, Habib Guiza.

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Bien que fraîchement créée, la CGTT revendique un fort héritage, celui de l’ancienne CGTT de Mohamed Hammi, leader nationaliste et fondateur du tout premier syndicat de Tunisie en 1924.

Trois missions principales

Selon Habib Guiza, la nouvelle institution aura à cœur de respecter trois missions prioritaires : la lutte contre l’exclusion et le chômage, la promotion d’un « syndicalisme moderne et démocratique », et la révision des relations professionnelles dans le cadre du pluralisme.

À l’occasion de son congrès, la CGTT  a également déclaré l’absolue nécessité d’un fonds pour le chômage, qui touche près de 18% de la population et concerne particulièrement les régions pauvres de Tunisie. Un problème dont M. Guiza s’est déclaré très préoccupé, en plus de « la situation difficiles des entreprises avec lesquelles nous devons revoir les structures de dialogue à l’échelle nationale ».

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Autre sujet épineux, le système de production actuel, qui selon le secrétaire général, n’est pas à même de juguler le chômage. M. Guiza a en outre prôné une « économie sociale de marché », où l’innovation et les nouvelles technologies auraient la part belle.
Plus surprenant, la CGTT s’est dit prête de « travailler avec tous les élus de l’Assemblée constituante indépendamment de leur appartenance politique ». Ennahdha y occupe actuellement 89 sur 217 sièges. 

30 000 adhérents

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Pour la première fois, le congrès a donc rassemblé des représentants des quelques 30 000 adhérents revendiqués par la CGTT, des syndicats européens et de partis politiques tunisiens de gauche.

L’UGTT, seule centrale syndicale jusqu’à la semaine dernière, tiendra quant à elle son congrès le 26 décembre dans un climat de tension évident, son secrétaire générale sortant étant au cœur d’une commission d’enquête sur la corruption et les malversations sous l’ancien régime.

Pour Mohammed Chaari, le président du congrès de la CGTT, dimanche était avant tout « un moment historique » où on a pu voir une « une nouvelle génération de syndicalistes ayant pour la plupart moins de 40 ans dont des femmes » former les structures dirigeantes de l’organisation.

Quant à Habib Guiza, il a qualifié le congrès « d’exercice réussi de démocratie dans le sillage de la révolution pour (…) la rupture avec la corruption et le népotisme qui ont rongé le pays sous Ben Ali. »

(Avec AFP)
 

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